Par Jean-Claude SERVANTON

Jean 17, 20-26

« En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi. » Il n’est pas courant dans les évangiles de lire le contenu d’une prière de Jésus. « En ce temps-là… » ce n’est pas n’importe quel temps, Jésus va entrer dans sa passion et mourir. C’est le temps de l’abandon, du lâcher prise, de sa remise à Dieu, c’est le moment de la prière. Je note que Jésus ne prie pas pour lui, pour que tout se passe sans trop de mal, il prie pour ses disciples et pour ceux qui, grâce à leur parole, croiront en lui, c’est à dire pour nous.

Cette prière, me semble-t-il, est comme un testament spirituel. Jésus exprime ses dernières volontés, non, plutôt sa volonté, celle qui a dirigé toute sa vie. Il a voulu rassembler, rassembler tous ceux qui l’ont suivi, et sa souffrance a été de les voir se disperser, de craindre leur dispersion après sa mort. Je crois que nous pouvons comprendre quel père ou mère de famille ne souhaite pas que leurs enfants s’entendent bien, restent unis même s’ils habitent loin les uns des autres. Tout parent souhaite et prie pour la fraternité entre leurs enfants. Quand on a tout donné, sa parole, son temps, sa peine, on souhaite l’unité de ceux et celles pour lesquels on a fait tout ce qu’on a pu. Jésus a tout donné, sa parole, sa vie pour les siens. Au terme, il prie pour notre unité.

Cette prière, il l’adresse à Dieu. Il a l’expérience d’une très grande unité en lui et son Père. Et il souhaite la même unité pour nous. Jésus a habité avec les siens. Jésus a habité avec le Père parmi les siens. Il est descendu du ciel… sans s’en éloigner. Il a été le visage de Dieu parmi nous. La volonté de Dieu a été sa nourriture, c’était sa vie. Cette unité que la mort ne peut briser, cette unité que la résurrection manifeste… Jésus prie le Père de nous l’offrir.

Cette prière Jésus nous l’adresse. Ceux et celles qui nous ont aimés vivent en nous, lorsque nous poursuivons leur œuvre surtout lorsque nous exauçons la fraternité qu’ils ont désirée pour nous. Notre unité, l’unité entre nous ne se fonde pas d’abord sur notre bonne volonté. Elle se fonde dans la présence du Christ en chaque personne humaine. Après Pâques, Jésus se retrouve au milieu des siens non pas comme avant seulement avec eux, parmi eux mais en eux. En montant au ciel, il ne s’est pas éloigné de nous. Et pourtant cette unité en lui n’est pas automatique. Elle suppose notre oui. Deux ne deviennent qu’un que dans oui réciproque. Et pour nous qui ne sommes pas dans l’éternité, ce oui est à redire chaque jour. Jésus prie alors qu’il est encore dans le monde, dans le monde nous pouvons faire la même prière… la sachant exaucée par lui, en lui, avec lui.