Par Jean-Claude SERVANTON

Lc 4, 1-13

Jésus ne mangea rien durant ces jours-là, les 40 jours au désert, et quand ce temps fût écoulé il eut faim. Un jour peut-être avons-nous éprouvé la faim. Nous avons un petit creux et il nous semble que les forces nous lâchent. Sans doute est-ce une petite expérience à côté de celle vécue par les habitants des pays de la faim. Aujourd’hui pour l’Eglise c’est le dimanche de la santé et cette journée a pour thème: « Qui entendra nos cris? ». Bien sûr nous pensons aux cris des personnes malades qui souffrent dans leur corps, leur esprit et leur cœur. Mais les personnes malades ne nous font-elles pas toucher du doigt notre propre faiblesse, nos propres limites. N’arrive-t-il pas que nous aussi puissions dire « qui entendra mon cri? » pas un cri aussi douloureux… mais nous avons envie de crier quand nous sommes accusés à tort, quand nous sommes seuls, quand nos relations se distendent, quand nous prenons conscience de la force du mal, du pouvoir de l’argent… de la force du mal en nous. Nous avons faim. Sans crier, nous voici de retour à la case départ, nos raisons de vivre s’effritent. Bref nous n’avons plus le moral.

Dans ce cas-là le diable n’est pas loin. « Tu vois bien que tu n’es pas meilleur que les autres… » « Laisse tomber… » « Réjouis-toi… » « Profite de la vie ». Alors il y a l’évangile. Le fils de Dieu a vécu aussi l’épreuve des tentations. Fils de Dieu, il est comme nous. Humblement, regardons-le, écoutons-le. Il ne s’en sort pas par le raisonnement. « Ventre affamé n’a pas d’oreille ». Non, il a une autre sagesse. Celle de l’Ecriture, celle de la loi, de la Parole de Dieu. Dans la tempête, il s’accroche à cette Ecriture. Il est obéissant à cette Parole et elle lui permet de rester Fils. Le diable insinue le doute, la défiance, Jésus répond par sa confiance en Dieu. Nous ne sommes pas loin de sa parole : « Ma nourriture est de faire la volonté de mon Père. » Le cri de révolte devient un cri d’abandon. La voix se profile déjà à l’horizon.

Jésus refuse tout ce qui pourrait le désolidariser de notre humanité. On ne connaît bien que ce que l’on expérimente. Il faut y être passé pour comprendre. Il est passé par la tentation, il a éprouvé la faim, l’envie de la gloire, du pouvoir, d’en mettre plein la vue… Et au creux de cette expérience humaine il a gardé confiance… sans doute apprenons-nous qu’il n’y a pas de foi tranquille, sans histoire, mais il n’y a que foi éprouvée. L’épreuve, si nous suivons le Christ, nous ramène à l’essentiel. Dieu toujours avec nous. St François d’Assise dira : « Dieu est, cela suffit. »