Par Jean-Claude SERVANTON

Mt 2, 1-12

« Nous avons vu son étoile à l’orient… » disent les mages arrivant à Jérusalem. Le mouvement écologique aujourd’hui nous interpelle jusque dans notre compréhension de l’évangile. Il s’agit pour nous de redonner sa place à la création pour aller jusqu’au créateur et jusqu’au Christ comme les mages.
Je ne regarde pas beaucoup les étoiles. Les lumières de la ville nous les cachent. Heureusement chaque année nous sommes invités à lever les yeux vers le ciel, c’est la nuit des étoiles. Les hommes ont donné des noms aux étoiles, en faisant des divinités, ils leur ont attribué un pouvoir. On naît sous une bonne ou mauvaise étoile. Puis le ciel étoilé est devenu objet pour la science. Celle-ci se heurte au mystère de l’infiniment grand. Depuis Abraham, les croyants au dieu unique ont ôté aux étoiles leur caractère divin. Mais n’aurions-nous pas besoin aujourd’hui de lire dans le ciel étoilé le livre du créateur? « Je te donnerai une descendance aussi nombreuse que les étoiles du ciel... » dit Dieu à Abraham. L’infini du ciel révèle l’infini de l’amour du créateur.
Dans l’évangile des mages se mettent en route parce qu’ils ont vu se lever une étoile. Ces hommes scrutent les étoiles, ils sont en attente, en recherche. Ils ne cherchent pas à percer les mystères de la création, ils cherchent quelqu’un, c’est leur propre mystère d’homme, d’homme dans le monde qu’ils voudraient bien voir s’éclairer. Ils ne connaissent pas les Écritures mais pour eux une étoile nouvelle n’est-elle pas le signe de la naissance d’un roi, d’un prince de la paix. Ils ne sont pas encore croyants mais une étoile les met en route. Ne sommes-nous pas comme eux? Dans un monde où la paix a de la peine à se frayer un chemin à travers toutes les guerres. Chaque année, à Noël, ils sont nombreux ceux qui appellent la paix de leurs vœux, et qui espèrent encore. Les injustices sont de plus en plus flagrantes… je pense à celles qui séparent riches et pauvres dans tous les pays du monde et pourtant chaque année nous rêvons d’un monde plus juste. Et notre espoir est soutenu par ces hommes et ces femmes qui militent partout pour un monde solidaire, qui proposent des solutions… Cet espoir peut conduire jusqu’au Christ. Jean-Marie PELT, ce croyant amoureux de l’homme et de la nature, décédé récemment, appelait à rester debout, debout parce que porté par l’espérance que donne la foi.
Alors si la création est ce livre ouvert sur plus grand que nous, si la création souffre des désordres de l’action des hommes… Si le sort de l’homme et celui de la création sont si fort liés… alors je crois que la paix et la justice, la réconciliation apportée par le Christ profite aussi à la création. Le Pape François dans son encyclique Laudato si insiste si fort sur le lien entre la pollution et la pauvreté. La libération de l’homme, la vie de l’homme, et celle de la création vont ensemble. L’étoile et les Écritures ont conduit les mages jusqu’au Christ et ils repartent par un autre chemin. Sans doute ne vont-ils pas dorénavant scruter les étoiles de la même façon. Pour nous la foi au Christ nous conduit à prendre soin de la création parce que c’est pour nous une question de survie, mais aussi parce qu’elle participe au développement de la même vie que nous, qui est un don de Dieu. Si le Christ par sa vie, sa mort et sa résurrection nous apporte justice et paix, la création avec nous est humanisée, divinisée. Concrètement, que le soleil, la lune et les étoiles nous réjouissent, que nos tristesses, nos joies et notre foi trouvent écho dans la création.
« La nature cesse d’être une carrière que l’on exploite avec convoitise pour devenir un livre que l’on ouvre, rempli de signes qui accompagnent l’homme sur son chemin d’éternité. »