Par Jean-Claude SERVANTON

Luc 3, 10-18

Question de tempérament ? Question d’éducation ? Je ne suis pas à l’aise avec les textes de ce dimanche, ces invitations répétées à la joie. « Pousse des cris de joie, fille de Sion ! Bondis de joie Jérusalem ! » Voilà pour le prophète Sophonie, et voici St Paul : « Frères, soyez toujours dans la joie du Seigneur, je le redis soyez dans la joie». Je n’aime pas cette joie sur ordre, sur commande. Je ne suis pas à l’aise dans ces groupes où l’on sourit tout le temps, où tout le monde il est beau, il est gentil, où les Alléluia fusent à la moindre occasion.

Alors à quelques jours de Noël, me voici invité à me convertir et je me tourne vers les pas plus lents de l’évangile. Jean-Baptiste n’est pas un rigolo… Il est une voix qui crie dans le désert : « Préparez le chemin du Seigneur. » Nous l’avons entendue dimanche dernier. La joie ne naît pas dans l’euphorie, elle n’est pas bruyante, elle naît au désert, dans le silence, dans sa rudesse, dans la soif et la faim. Elle naît au désert dans sa transparence et son calme. La joie suppose de quitter le bruit des bla-bla pour accueillir le silence du devant soi. Aujourd’hui les foules au désert demandent à Jean : « Que devons-nous faire ? » Autrement dit pour me convertir, pour sortir de moi, que dois-je faire ? Et Jean ne prescrit rien d’extraordinaire : pas de jeûne, pas de grandes prières, pas de grands dépouillements, pas de pénitences importantes, pas de longs pèlerinages, mais le simple commandement du partage, le B.a.-ba de la loi : « Partage avec celui qui n’a pas de quoi manger ou se vêtir. » «  N’exigez rien de plus. » « Contentez-vous. » Le peuple était en attente, cette sobriété généreuse creuse l’attente, elle permet de vaincre la peur de manquer, d’avoir plus, de gagner plus… Cette sobriété heureuse vainc l’inquiétude, les soucis exagérés. Nous sommes habités par une attente qu’aucun bien ne peut satisfaire. C’est peut-être sur ce terrain que peut naître la joie.

A la suite de ces conseils, Jean-Baptiste ne se retient plus. Il annonce la venue de quelqu’un : « Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu… » et St Luc conclut : « Il annonçait au peuple la bonne nouvelle ». La joie s’enflamme à ce feu, à l’annonce de cette bonne nouvelle. La joie est celle que l’on n’attendait plus et pourtant on la désirait toujours. C’est la joie de la rencontre, la joie partagée. Je t’attendais et tu es là. Oui c’est une joie nuptiale, l’alliance n’est pas loin. Mon neveu qui vivait déjà avec celle qui est devenue sa femme m’annonça cette vie nouvelle en me disant timidement : « C’est une bonne nouvelle, non ? » Je n’ai su répondre que oui. La joie de Dieu vient nous habiter chacun et tous ensemble. C’est Lui qui chante en nous le premier Alléluia, le nôtre vient en réponse. La présence de la joie de Dieu en nous se traduit par la paix, la sérénité, un bien-être. La joie est à la hauteur de notre foi.