Par Jean-Claude SERVANTON

Luc 21, 25-28.34-36

« Tout change, rien ne bouge… » C’est ce qu’annonçait une grande surface de Villeurbanne. J’ai trouvé cette annonce plus ou moins curieuse. Elle voulait sans doute dire que pendant les travaux les clients pouvaient venir encore faire tranquillement leurs achats. Mon esprit critique s’est dit alors, ce slogan pourrait être repris par nombre de partis ou organisations. Mais il m’est revenu en mémoire en lisant l’évangile de ce dimanche, quand Jésus parle de sa venue, il ne cherche pas à nous tranquilliser. Ça bouge… Des signes dans le ciel, la lune et les étoiles… Fracas de la mer… Les puissances des cieux seront ébranlées… Nous ne sommes pas habitués à un tel langage… C’est pas lui qui va attirer le client. Et pourtant… si ça bouge c’est pour un changement… Un chantier : on commence par détruire pour construire. Bien sûr c’est la construction qui est la fin de l’histoire.

« Tout change, rien ne bouge… » Le Christ est venu il y a deux mille ans. Et il a déjà fait bouger les lignes. Il a marqué la fin d’une religion qui prend le pas sur l’homme. Il a marqué sa distance avec tout pouvoir économique et politique. Il a réintroduit les exclus, pire ou mieux il a pardonné les péchés… chassé tous les démons. Il est mort en pardonnant. Il a ouvert un chemin de vie, il ouvre la porte de la prison.

« Tout change, rien ne bouge… » Il a ouvert, et il nous laisse libre de faire sauter aussi nos barrières, il nous laisse choisir de nous construire sur sa parole, son exemple, dans et avec son Esprit. Choisir d’être plus homme, c’est un vrai travail. En effet, il faut faire taire tout ce qui nous tire vers le bas : la haine… Ces manières que nous avons d’être moins hommes, et qui nous séduisent… tout ce qui alourdit le cœur, les soucis exagérés de la vie, la peur de toujours manquer, l’évangile parle de beuverie et d’ivresse… nous n’en sommes pas là heureusement… encore que, n’y a-t-il pas une certaine ivresse du pouvoir, de l’avoir, du tout s’achète, tout se vend. Et le Christ sans cesse nous invite à changer de vie personnelle… mais aussi la vie du monde… ses institutions, ses projets, ses réalisations… Qu’est-ce qui va dans le sens de l’homme, de son évangile ?

« Tout change, rien ne bouge… » Depuis la venue du Christ, ça bouge pour une construction et la fin marquera l’accomplissement. Me revient à l’esprit cette image. Des échafaudages, un voile masque la façade d’un immeuble, et un jour les échafaudages sont démontés, le voile tombe et la façade nous apparaît rajeunie de belle couleurs. En attendant cette venue ultime du Christ, nous croyons que nous travaillons debout, éveillés pour refaire la façade du monde. Nous ne voyons pas toujours ce qu’il faut refuser et ce qu’il faut promouvoir. Nous croyons avoir détruit le mal dans un coin de notre cœur ou dans un coin du monde et il revient… La façade n’est pas belle… Regardons la Pâque du Christ… la façade humaine, défigurée du crucifié est devenue la façade humaine transfigurée au matin de Pâques. Restons éveillés et prions en tout temps