Par Franck GACOGNE

Actes 3, 13-15.17-19 et Luc 24, 35-48

« Vous avez renié le Saint, le Juste, vous l’avez livré, vous l’avez reniez en présence de Pilate »… qui donc parle ainsi ; quel est celui qui balance ces invectives aux « Hommes d’Israël » ? L’auteur des Actes nous dit que c’est Pierre !! Pierre ? On a envie de dire, ce n’est pas possible ! « c’est l’hôpital qui se fout de la charité » ! S’il y en a bien un, plus que d’autres qui l’a renié, c’est bien celui-là… Bien sûr, et Pierre lui-même en est conscient, mais entre son reniement et cette vive exhortation qu’il se permet bien plus tard, il en a fait du chemin, Pierre a parcouru un itinéraire de conversion et de réconciliation qui lui a permis par trois fois de redire son attachement à Jésus et de se laisser envoyer en mission par lui. Et au nom de cette mission qu’il a reçu de Jésus lui-même, il n’a alors qu’un désir, c’est d’offrir à d’autres le même relèvement dont il a bénéficié du Seigneur lui-même.

Telle est l’une des clés de compréhension de la résurrection que nous proposent les textes de ce jour. Jésus n’est pas ressuscité pour se venger, ou pour culpabiliser tout ceux qui ne l’on pas défendu, qui ont laissé faire ou qui ont fui. Non ! Luc nous explique dans son évangile que cette mort/résurrection vécue par le Christ est le signe d’une conversion proclamée, d’un pardon annoncé à toutes les nations, et qu’il nous faut en être témoin. C’est ce que Pierre essaye de faire.

A vous d’en être les témoins… Ce sont les toutes dernières recommandations de Jésus pour ses disciples. Dans ce passage, le « témoin », ce n’est pas seulement celui qui a vu l’événement et qui le rapporte, non, c’est beaucoup plus fort que cela, le mot grec traduit par « témoin », est le mot « martyr ». Autrement dit, c’est par le don et l’engagement de notre vie et non pas seulement par nos yeux que Jésus nous invite à être témoin de la résurrection, bonne nouvelle pour toute les nations. Attention, évitons tout de suite les contre-sens, le martyr dans la foi chrétienne n’est jamais un acte volontaire ou choisi pour lui-même. Non, le martyr est toujours l’éventuelle conséquence d’un engagement pacifique de sa vie au service de l’évangile. C’est cela l’authentique témoignage.

Les disciples ont été témoin par leurs yeux de la mort de Jésus. Ils sont alors maintenant invités à être témoins de sa résurrection par l’engagement de leur vie : « a vous d’en être témoins » leur dit-il. De la même façon, jeudi matin, j’ai été témoin par les yeux d’une expulsion des nombreuses familles du village de la Boutasse. Nous sommes alors maintenant invités à être témoins de leur dignité par l’engagement de notre vie, dans les mots que nous utilisons pour en parler, dans les gestes et les attitudes que nous accomplirons : « à vous d’en être témoins » nous dit-il. Amen.