Par Franck GACOGNE

Isaïe 61, 1-2a.10-11 ; Luc 1, 46-55 ; 1 Thessaloniciens 5, 16-24 et Jean 1, 6-8.19-28

Noël est tout proche, et bien que Pâques soit le mystère central de la foi chrétienne, Noël reste sans doute la fête la plus joyeuse pour beaucoup. Les textes de ce jour nous invitent en effet tous à la joie. « L’Esprit du Seigneur m’a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé… Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu. » dira Isaïe. « Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon Sauveur » chantera Marie par le Magnificat. « Frères, soyez toujours dans la joie, rendez grâce en toutes circonstance… » nous dira St Paul dans sa première lettre aux chrétiens de Thessalonique. Toutes ces lectures sont marquées par la joie, elles nous invitent à la joie. Les chrétiens n’ont bien heureusement pas le monopole de la joie, mais je crois qu’être joyeux est une nécessité chrétienne. Le pape François commence son exhortation ainsi : « La joie de l’Evangile remplit le cœur et toute la vie de ceux qui rencontrent Jésus ». Non pas forcément une joie de tous les instants, une joie exaltée, exubérante, ou béate, mais une joie suffisamment profonde et imprégnée au cœur pour laisser transparaître au quotidien Celui qui vient nous ressourcer par sa Parole, par son pain de vie.

Et pourquoi donc être joyeux me direz-vous ? Deux de ces lectures nous le disent, parce que l’Esprit du Seigneur nous est donné. Parce que Dieu prend le risque inouï de traverser l’existence qu’il nous a donné. Par Jésus, Dieu vient partager notre humanité, il vient l’assumer complètement pour nous révéler jusqu’à quel point il nous aime. Une nouvelle aussi considérable ne peut que nous inviter à la joie, à rendre grâce en toute circonstance comme dit Paul. Bien sûr, cela n’efface pas le mal ou les souffrances que nous traversons, qui pèsent souvent douloureusement sur nous-mêmes, sur nos proches ou dans le monde. Mais c’est bien parce que Jésus ne cherche pas non plus à les éviter, c’est précisément parce que Jésus traverse ces souffrances jusqu’à la croix avec nous, qu’il nous révèle et manifeste en lui-même un Dieu gorgé d’amour.

La joie, qui vient de la foi, n’est pas un tranquillisant ou un euphorisant qui rend aveugle. La joie, qui est don de Dieu, doit au contraire porter au cœur du monde, auprès de ceux qui souffrent. Il n’y aura pas de vraie joie si l’on se renferme sur soi. Nous voyons dans le livre d’Isaïe et dans le magnificat de Marie que les premiers bénéficiaires de la Bonne Nouvelle de l’amour de Dieu, ce sont les humbles, les démunis. Le « Soyez dans la joie » du début de la lettre de Paul se comprend mieux à la lumière de la finale de ce passage « Tout cela il l’accomplira« . Comme si Paul disait « Soyez dans la joie » puisqu’en Jésus Christ vous avez tout reçu pour l’être.

        Un mot sur l’évangile. On nous dit de Jean Baptiste qu’il était venu pour rendre témoignage à la Lumière, mais qu’il n’était pas lui-même la Lumière. C’est sans doute un peu pareil pour chacun d’entre nous. Nous ne sommes pas des lumières, en revanche le Seigneur donne à chacun de nous la capacité de l’accueillir et d’en témoigner. La vraie lumière, celle qui va venir resplendir à Noël, c’est Jésus le Christ, mais comme Jean-Baptiste, nous sommes invités à recevoir le Christ, à accumuler cette source en nous, comme on charge une batterie, afin de la renvoyer, de la diffuser, la réfléchir. Rendre témoignage, à la manière de Jean-Baptiste, c’est par nos paroles, par nos actes et par notre joie être révélateur de la lumière du Christ. C’est bien se qui se passe pour Jean-Baptiste dont le comportement interroge tout ceux qui viennent : « mais qui es-tu donc ? » et lui de se retirer humblement, et de désigner la vraie lumière dont il essaye pour sa part d’être le reflet.

Que nous soyons Seigneur des témoins ardents à refléter la joie que tu viens déposer en chacun de nous. Amen.