Par Franck GACOGNE

1ère lettre de St Paul Apôtre aux Corinthiens 3, 9b-11.16-17

L’évangile aime bien utiliser des images, c’est pour cela qu’il est intéressant et qu’il attire notre attention. Par exemple, pour parler à ses disciples, Jésus leur dit : « Vous êtes le sel de la terre » pour qu’ils comprennent que leur vie doit avoir de la saveur, et qu’elle peut relever ce qui est fade. Il dit à ses disciples « vous êtes la lumière du monde » pour que la Bonne Nouvelle qu’ils reçoivent de Jésus ne reste pas dans l’ombre, mais qu’elle éclaire la vie des hommes. Alors plus tard, quand des premières communautés chrétiennes commencent à naître, St Paul va utiliser la même méthode que Jésus, et il va dire aux chrétiens « vous êtes le Corps du Christ » pour leur indiquer qu’ils sont tous attendus et désirés dans l’Eglise, et aujourd’hui Paul nous dit quelque chose de nouveau : « vous êtes la maison que Dieu construit ». J’aimerais que l’on prenne ensemble conscience de la puissance de cette image que Paul nous propose.

Regardons bien ce que nous dit Paul dans sa lettre : c’est Dieu qui a le désir de construire l’Eglise, notre communauté, et à travers elle, chacun de nous. Attention, le texte nous dit que cette construction n’est pas terminée. Nous grandissons personnellement et ensemble dans la foi par des événements, des rencontres qui nous touchent, ils deviennent comme des pierres supplémentaires dans notre parcours. Chacun de nous peut faire mémoire de ce qui l’a construit jusqu’à aujourd’hui : des parents, des grands-parents, des amis… ce sont des pierres vivantes qui ont balisées mon chemin.

Est-ce que je deviens moi aussi « pierre vivante » de la construction d’un autre sur les mêmes fondations ? Quand le pape François nous invite à être « en mission » et « en sortie », il nous pose cette question.

Une paroisse peut, elle aussi, faire mémoire des événements qui l’ont aidée à mieux vivre et à mieux manifester une communauté fraternelle et solidaire. Paul dit dans sa lettre qu’aujourd’hui la construction se poursuit encore, mais que l’essentiel a déjà été posé. Cette construction a déjà pris forme sur les fondations que Paul, comme un bon architecte, est venu ancrer, implanter dans la terre où Jésus-Christ a pris corps. Paul désigne Jésus et il le pose comme fondation de l’Eglise que Dieu veut construire par chacun de nous.

C’est la première étape, mais il y en a une seconde, car Dieu ne se contente pas de vouloir nous construire, il veut aussi venir habiter.

Dieu habite-t-il dans le lieu où nous nous trouvons ?

On découvre dans la Bible comme un « déplacement » du lieu de la présence de Dieu :

  • Il est clair qu’au temps de Jésus, les juifs viennent au temple de Jérusalem, lieu par excellence de la présence de Dieu. Tous ne peuvent pas y accéder, les entrées sont filtrées, il faut avoir de l’argent pour avoir le droit d’offrir un sacrifice, il y a des places réservées. Tout ceci insupporte Jésus au plus au point. Il renverse les comptoirs et offre sa vie : le Temple, c’est son corps
  • 2ème déplacement : c’est désormais en sa propre personne qu’il offre la présence de Dieu, ses déplacements et ses rencontres, lui permettent d’offrir sa présence à tous. Et au moment de les quitter, il dit à ses disciples : « il est dans votre intérêt que je m’en aille afin de vous donner l’Esprit Saint » (Jn 16)
  • Voilà donc le 3ème déplacement de la présence de Dieu. Par l’Esprit Saint, il vient habiter toute personne et la mets en capacité de le découvrir et d’en vivre.

Dieu habite-t-il dans le lieu où nous nous trouvons ? Oui, à condition que nous y soyons dans toutes nos diversités. C’est par les hommes et les femmes de notre temps que ce lieu devient sacré, puisque c’est en eux qu’il a décidé d’habiter. La relation à Dieu ne s’établit plus en montant vers Dieu, censé résider au Temple de Jérusalem, mais en descendant vers l’homme, particulièrement s’il est éprouvé. Que toute personne puisse entendre cette bonne nouvelle, et par qui l’entendrait-elle si nous n’en sommes pas le relais : « Le temple de Dieu est sacré, et ce temple, c’est vous ».