Par Damien GUILLOT

Jean 3, 13-17

En ce jour de la fête de la Croix glorieuse : que voyons nous sur cette croix ? La souffrance d’un homme, la barbarie humaine… C’est aberrant comme disait le mot d’accueil préparé par Robert de fêter la croix et pourtant comme le dit François Varillon parlant des divers courants spirituels au sein de l’Eglise : « le sur critère, on peut dire, je pense, le seul critère d’un mouvement spirituel vrai est la Croix. Tout ce qui conduit à la Croix est sérieusement chrétien. Tout ce qui élimine la Croix, ou la contourne, est une contre façon du Christianisme. Encore faut-il bien comprendre le sens de la Croix » Alors comment comprendre le sens de la mort de Jésus sur la Croix, comment comprendre que la Croix peut être glorieuse ? Y voyons-nous un sacrifice parfait pour apaiser la colère du Père, le Christ aurait pris sur lui, le châtiment divin pour l’humanité, incapable d’être fidèle à Dieu, Jésus réparerait ainsi l’offense faîte à Dieu par l’humanité ? Pensons-nous que le Christ aurait été offert en sacrifice à notre place, un sacrifice en quelque sorte à la hauteur de la faute de l’humanité pécheresse ? Mais quel regard sur Dieu avons-nous là, quel regard sur l’humanité avons-nous là ? J’espère que cela n’est que du passé. Oui dans les textes de la parole de Dieu nous entendons souvent parler de sacrifices. Nous sommes dans un contexte juif qui est celui des sacrifices d’animaux et même parfois humains. Comme l’explique François Varillon : « ce que Dieu veut, ce ne sont ni des boucs, ni des taureaux… Dieu n’en a que faire, on n’apporte rien à Dieu en lui brûlant tout cela pour sa gloire… Oui le sacrifice du Christ sur la Croix se comprend dans une toute autre logique. Comme le dit François Varillon « C’est l’homme, l’homme seul qui intéresse Dieu. La seule adoration véritable c’est le oui inconditionnel de l’homme à Dieu ; Tout appartient à Dieu mais il a concédé à l’homme la liberté de dire oui ou non, d’aimer ou de refuser d’aimer ; l’adhésion libre de l’amour est la seul chose que Dieu puisse attendre ». C’est dans cette logique de don, de confiance dans l’amour du Père, d’amour qui se donne jusqu’au bout, d’un amour qui transforme le cœur du bourreau qui au pied de la croix s’écrit « cet homme était vraiment le Fils de Dieu » qu’il nous faut comprendre pourquoi la croix est glorieuse, comprendre comme le dit si bien Joseph Ratzinguer : Jésus, Dieu fait homme est l’homme en la plénitude de sa perfection. « Il est l’absolu de l’amour, tel que seul pouvait l’offrir, Jésus en qui l’amour même de Dieu était devenu amour humain ». Une humanité capable et appelée à vivre de cet Amour de Dieu, une humanité capable des pires barbaries et une humanité capable de l’Amour de Dieu ; le Fils sur la croix qui ne s’offre pas à notre place mais qui nous montre le chemin au cœur même de nos vies marquées par la Croix, où nous sommes appelés à nous donner, à continuer de faire confiance, à dire oui je crois, à aimer car seul l’Amour sauve.