par René BEAUQUIS

Luc 11,1-13

     La recherche de trésors est quelque chose qui ne vieillit pas ; elle est toujours actuelle, peut-être aujourd’hui plus qu’hier parce qu’on dispose de moyens de recherche de plus en plus performants comme les détecteurs de métaux. La recherche de trésors parmi les épaves de navires disparus au fond des océans a dû même être réglementée tellement elle suscitait des convoitises.

   Le trésor caché dans un champ dont nous parle l’évangile peut nous surprendre. Il faut savoir que du temps de Jésus en Palestine, il n’y avait pas beaucoup de banques pour mettre en sécurité ses économies, alors on enterrait son magot dans son champ. Il arrivait que le propriétaire meure avant d’avoir révélé le lieu de sa cache. Plus tard, ce magot pouvait être découvert à l’occasion de travaux. Chacun sait que gagner la super cagnotte ou faire la trouvaille d’une somme importante peut modifier complètement la vie de celui la trouve ; alors on comprend qu’elle devienne pour lui un trésor, c’est-à-dire quelque chose de tellement désirable, qu’elle va capter toute son énergie, son attention, son intelligence et son cœur.

C’est la chance de sa vie ; vite, il va tout faire pour ne pas la rater.

   Et Jésus de comparer aujourd’hui le Royaume de Dieu qu’il est venu inaugurer à un trésor. Cela signifie que le Royaume de Dieu peut devenir dans le cœur de l’homme le bien suprême qu’il faut absolument acquérir pour être heureux et réaliser sa vie. A ce sujet, nous avons le témoignage de tous les saints. A un moment donné de leur existence, dans leur recherche de bonheur et de perfection, ils ont découvert que seule la personne de Jésus-Christ pouvait les combler et donner un sens à leur existence. Ils ont découvert que le Royaume de Dieu avait un visage, celui de Jésus- Christ.

   Nous avons le témoignage de St Paul qui, dans sa lettre aux Philippiens, exprime son choix de vie : « je considère que tout est perte au regard de ce bien suprême qu’est la connaissance de Jésus-Christ, mon Seigneur. J’ai tout perdu afin de gagner le Christ. »

Nous avons aussi le témoignage de St François d’Assise qui, devant l’évêque d’Assise et en présence de son père, Pierre Bernardone réclamant l’argent qu’il avait pris pour réparer la chapelle de st Damien, se dépouille non seulement de l’argent qu’il a sur lui, mais aussi de tous ses habits en disant : « désormais, je ne dirai plus mon père Pierre Bernardone, mais Notre Père qui est aux Cieux. ». St François vient de faire le choix d’une vie donnée à Dieu le Père en sacrifiant, tout en même temps, ses relations familiales et la sécurité de l’argent qui en découlait. Choisir Jésus comme trésor de sa vie entraîne des sacrifices ; c’est Jésus lui-même qui nous le laisse entendre quand il dit que celui qui a trouvé un trésor ou des perles fines va vendre tout ce qu’il possède pour se les approprier.

   Reconnaissons que l’évangile de ce jour nous amène à nous poser des questions importantes. Tout d’abord que chacun s’interroge : en ce moment même, qu’est-ce qui constitue le trésor de ma vie, c’est-à-dire ce   qui mobilise non seulement une grande partie de mon temps de mon argent, mais aussi mes énergies intellectuelles et mon cœur ? Que nous soyons accaparés, pour la plus part d’entre nous, dans des projets ou des occupations matériels cela se comprend, l’homme doit d’abord vivre, il n’est pas un pur esprit et le Royaume de Dieu que Jésus nous propose de vivre, se vit au cœur des réalités quotidiennes.

   L’important est de me demander avec quel cœur et quelle intelligence j’organise mes activités. Est-ce que le fil conducteur est uniquement l’intérêt ou la promotion personnels ou est-ce que je parviens à me soucier de ceux qui n’ont aucun lien avec mon cercle familial. Si tel est le cas, cela signifie que l’amour du Christ a pris racine en moi et que Jésus-Christ devient le trésor de ma vie car il me rend capable de me sortir de moi-même pour m’ouvrir à l’amour de tous mes frères. De plus, il me rend capable de découvrir en eux, surtout dans les plus pauvres ou les plus défigurés le visage de Jésus lui-même. « J’ai eu faim, j’étais un étranger et tu m’as nourri et accueilli. » nous dira Jésus.

   Si Jésus est le trésor de ma vie, à moi de faire en sorte que non seulement il le reste, mais qu’il de devienne encore plus. Si, dans la vie d’un couple, l’épouse veut rester le trésor de son époux et vice versa, leur amour a besoin de constamment se renouveler par l’échange, le dialogue et l’attention aux besoins de l’autre. Il en est de même pour la vie d’amour avec le Christ : elle se bâtit dans la prière, mais surtout dans ce grand Sacrement que nous célébrons en ce moment : l’Eucharistie où le Christ se fait Pain, Nourriture pour nous nourrir de sa Vie et de son Amour. C’est en nous animant de son Amour qu’il nous permet de continuer à le manifester aux hommes de notre temps ;

   Oui le Christ est notre Trésor ; ne le perdons pas.