par Damien GUILLOT

Mt 15, 21-28

Frères et sœurs, après le récit de la marche sur les eaux de Jésus et de Pierre, nous avons ce jour le récit d’un autre miracle : celui de la guérison de la fille de cette femme païenne c’est-à-dire qui n’est pas juive. Comment cette guérison arrive, comment comprendre cette guérison alors que l’enfant n’est même pas là ?

Comme dans beaucoup de guérisons au sein de l’évangile, cette guérison s’opère grâce à une rencontre, dans la complexité d’une rencontre, d’une parole qui se cherche et qui s’élabore. La rencontre entre cette mère, Jésus et ses disciples était mal partie. La détresse de cette mère, nous la comprenons. Elle nous rejoint dans toutes nos inquiétudes pour nos proches qu’ils soient malades ou non, dans toutes vos inquiétudes pour la vie et l’avenir de vos enfants. Nous sommes touchés par cette femme et heurtés par la réaction de Jésus. Touchés par cette femme qui ne se décourage pas malgré le silence, l’attitude et les mots de Jésus. Cette femme reconnaît en Jésus le messie, reconnaît en Jésus quelque chose de Dieu, reconnaît celui qui sauve. Elle fait confiance à Jésus quoi qu’on lui dise, quoi qu’il arrive.

Comment comprendre la réaction de Jésus ? Il y a probablement quelque chose ici de l’humanité et peut être même de la divinité de Jésus qui se dit là. Jésus comme l’évangéliste est né dans une culture juive très forte qui attend le messie. Peut être n’a t il pas encore perçu à quel point il est l’envoyé du Père pour toute l’humanité ? Peut être que l’heure n’est pas encore venue de se révéler au monde entier ? Mais dans son humanité qui rejoint sa divinité, Jésus se laisse toucher par la foi de cette femme : « Femme ta foi est grande, que tout se passe pour toi comme tu le veux ».

Comme nous le disions la semaine dernière, un récit de miracle dans l’Evangile permet d’exprimer quelque chose du mystère de la résurrection de Jésus. Avec ce récit où cette femme est étrangère et où l’enfant malade n’est pas là, nous comprenons à quel point si Jésus est venu dans une culture donnée, un temps donné, sa mort et sa résurrection rejoignent la multitude de l’humanité.

Comme pour cette femme, nous sommes invités quelque soit les obstacles à une relation toujours plus personnelle, plus proche avec le Christ ; à lui confier nos cris, nos demandes, nos prières pour nos proches et pour le monde, à découvrir comment sa mort et sa résurrection nous rejoignent et rejoignent nos proches. Sa résurrection nous rejoint je crois en nous donnant paix, espoir, confiance, sagesse, force d’aimer face à ce que vivent nos proches et sa résurrection rejoint, je crois nos proches quand tout semble foutu : du sens, de la vie, une évolution semblent naître ou renaître. Comme pour cette femme, nous sommes invités à faire confiance au Christ. Après tous ces récits de paraboles et de miracles où nous avons découvert quelque chose de lui, il nous interpellera directement la semaine prochaine avec cette question : « pour vous qui suis-je ? ».