par Franck GACOGNE

Jean 10, 1-10

            Soyons attentif à cet évangile :

Il ne nous compare pas à un troupeau docile et obéissant, à des brebis qui doivent suivre – oserais-je dire « bêtement » – leur berger. Non. Ce n’est pas non plus l’image douceâtre du Bon Pasteur comme on en faisait autrefois des « images de première communion »… A travers cet évangile, Jean cherche bien plutôt à nous expliquer la qualité de relation que Dieu le Père veut entretenir avec chacun de nous. Même plus que cela, il veut nous faire réaliser jusqu’à quel point par son Fils Jésus, Dieu se donne à nous.

Par cette parabole, Jésus essaie de nous dire ce que le berger n’est pas. Je vous propose de repérer 4 points :

  • Dieu ne vient pas voler le cœur des gens, il ne vient pas voler notre conscience, notre liberté. Non, il entre par la porte.
  • Il ne nous considère pas non plus comme un troupeau informe et uniforme. Non, car pour lui chacune des brebis compte, « il les appelle chacune par son nom » ce qui suppose à la fois une reconnaissance personnelle, et une liberté de la réponse. Les liens qui sont tissés sont très forts, et c’est sans doute pour cela « qu’elles écoutent sa voix ».
  • Il ne les met pas dehors ! Non, il les conduit dehors et il marche à leur tête. Le Pasteur aime que nous allions dehors comme nous le manifestons par l’envoi à la fin de l’Eucharistie. La vie chrétienne c’est dehors et c’est maintenant. Il n’y a rien dans le christianisme qui confine les gens dans les églises, pas de dissociation entre une vie chrétienne d’un côté et une vie professionnelle ou familiale de l’autre. Non, les deux sont imbriqués et doivent se nourrir réciproquement l’une par l’autre.
  • Jésus déclare : « je suis la porte ». Passer par Jésus-Christ, être en Jésus-Christ. Le passage par cette porte est vital, nous le comprenons à la fin de la prière eucharistique qui atteint son sommet quand nous disons ou chantons : par Lui, avec Lui et en Lui ; Lui, il s’agit de Jésus-Christ. Il est porte de vie. Le Pasteur ne s’approprie pas la vie des gens, bien au contraire, il leur donne la sienne en abondance et nous demande de la même façon de savoir nous donner abondamment.

Avec toute l’Eglise, nous vivons aujourd’hui la journée mondiale des vocations c’est-à-dire un jour privilégié où chacun est invité à s’interroger sur la façon qu’il choisit de vivre de son baptême, de suivre le Pasteur qui nous conduit dehors afin de recevoir sa vie et de l’offrir à tous. Parmi toutes les vocations, je peux témoigner, combien celle d’être prêtre est un chemin de bonheur et de vie en abondance. Christian qui chemine vers le diaconat pourrait sans doute en dire autant. Je pense que nous sommes tous persuadé que la présence de prêtres de diacres, de religieuses parmi les baptisés est importante pour la vie de l’Eglise. Mais il est utile de nous rappeler une évidence : ils ne sortent pas des choux ! Alors, que chaque jeune baptisé ayant le goût du Christ et de l’Evangile sache se demander : « prêtre, religieuse, diacre, pourquoi pas moi ? » Que chaque parent ici présent sache être porteur de cet appel pour ses enfants, certes spécifique, mais qui, comme le mariage, est en pleine cohérence avec le baptême que vous avez souhaité pour eux.

Et puis, 15 couples se préparent au mariage sur notre paroisse. Avec Damien et les couples qui les accompagnent, nous sommes les premiers témoins du projet de vie qu’ils rédigent et se partagent l’un à l’autre. Dans ces engagements, nous trouvons des perles. En voici quelques unes : « je m’engage à rester fidèle à lui, en renouvelant chaque jour de notre vie ce grand oui que nous allons nous dire le jour de notre mariage ». « Dieu nous a réuni, dans le bonheur, mais aussi pour affronter ensemble les épreuves de la vie ». « Sans lui, je ne suis que « moi », mais avec lui, et avec Dieu, je deviens « nous », ce « nous » qui me remplit de joie, et en qui je crois, et croirai toute ma vie ». En se mariant, ils manifestent, et ils actualisent à nos yeux l’Alliance nouvelle que Jésus a désiré vivre avec toute l’humanité. Dieu est amour : le sacrement du mariage nous le manifeste sensiblement aujourd’hui et maintenant. Dans tout choix de vie qui nous engage au nom de notre baptême, Dieu ne donne pas quelque chose, mais il se donne lui-même : « Moi, je suis venu pour que les hommes aient la vie, pour qu’ils l’aient en abondance. » Alors que chacun de nous dans sa vocation propre puisse vivre de cette abondance offerte. Amen.