par Damien GUILLOT

Matthieu 4, 1-11

Chers amis, nous voilà embarqués ensemble pendant 40 jours de carême qui nous mèneront à Pâques. 40 comme les 40 jours passés par Moïse sur la montagne pour, au contact de Dieu, recevoir les paroles de l’alliance, les 10 paroles de vie ou commandement, 40 jours comme le peuple d’Israël qui marche 40 ans dans le désert avant d’entrer en terre promise. Le désert comme le lieu de la proximité avec Dieu, comme le lieu où l’essentiel se laisse découvrir. Nous avons chanté avec lui nous irons au désert, nous avec lui ; lui avec nous. Et nous sommes dans la même logique qu’au baptême de Jésus dont il est question au début du texte. Qu’avait-il donc besoin d’être baptisé par Jean Baptiste si ce n’est pour nous dire, je rejoins l’humanité souffrante, déformée par le péché et je vous annonce un autre baptême : celui de la mort et de la résurrection dans lequel chrétiens nous sommes baptisés. Qu’avait-il donc besoin, l’Esprit Saint, de conduire Jésus pour être tenté par le Mal ? Jésus en liberté accueille ce combat contre le mal et toutes sortes de tentations qui touchent l’humanité pour nous dire avec moi, avec l’Esprit Saint, c’est possible de sortir du mal. Avec lui, lui avec nous : prenons la route de ces 40 jours de carême avec joie. Nous pouvons regarder ce qui est péché et lieu de mort dans notre vie. Le péché personnel et le péché collectif, comment au sein de notre église, au sein de notre société, au sein de notre travail, etc., nous cautionnons des systèmes injustes qui oppriment des personnes ? L’Evangile et le livre de la Genèse nous montrent diverses pistes pour identifier le péché et le mal : se perdre, se laisser séduire par nos propres mensonges ou ceux des autres, franchir des interdits constructeurs, des limites source de vie, tout est possible mais tout n’est pas souhaitable, que repères-tu au niveau personnel et collectif comme limites ou interdits à ne pas franchir ? Identifier le mal, le péché personnel et collectif sont peut être utile pour s’en libérer. Mais je crois que l’Eglise dans sa tradition nous invite d’avantage à regarder notre vie dans un « pour plus » plutôt que dans un « contre », pour plus de vie, pour plus de sens, pour plus de justice, pour plus d’amour, pour plus de foi avant un contre le mal, contre le péché, contre l’injustice : bien exprimé dans ces quelques mots d’Alain Cugnot qui résonnent aussi avec le texte de la Genèse : « Le Mal n’a pas à être pris en considération. Vivez comme si le mal n’existait pas, parce qu’il n’est que le désespoir et que l’on n’échappe pas au désespoir en se laissant fasciner par lui. N’ayez crainte, vous n’oublierez rien en chemin en vous détournant de la lutte contre le mal, vous ne négligerez rien et surtout pas les combats à mener. Vous ne vous ferez pas complices du mal, mais l’affronterez en son cœur même. Ce n’est pas contre le mal, la souffrance et la violence qu’il faut lutter, mais il faut trouver les voies par lesquelles la vie est possible ». Ces mots sont un peu provoquants mais ils donnent à penser sur une position et une ouverture sur la vie. Et c’est dans cette attitude que nous pouvons lire chacune des tentations pour y trouver dans notre vie non pas d’abord un « contre » quoi mais un « pour plus ».