par Damien GUILLOT

Luc 15, 1-32

         Frères et sœurs, désolé, je ne vous ai pas épargné la longueur du texte d’évangile en prenant simplement la parabole du Fils perdu et retrouvé. En effet, il me semble intéressant pour notre foi et donc pour notre vie de comprendre cette parabole du Fils à la lumière des 2 autres paraboles. Face à un texte, il faut toujours se demander à qui Jésus est en train de s’adresser. Il s’adresse aux pharisiens et aux scribes qui se disent être de bons religieux et qui sont scandalisés que le Christ fasse bon accueil aux pécheurs et aux publicains (donc des juifs qui collaboraient pour remettre l’impôt de la population à l’empire romain qui dominait la Palestine. Ils en en profitaient souvent pour s’en mettre plein les poches). Si le Christ fait bon accueil à ces pécheurs, ce n’est pas pour leur dire, c’est bien continue de pécher mais le Christ ne les condamne pas, il les espère à mieux, à plus de sens, à plus de vérité et à plus de joie pour leur vie. Si ces paraboles s’enchaînent, ce n’est pas un hasard : la Bible est écrite comme une partition, il n’y a pas de note au hasard. Faisons le jeu des 7 différences pour comprendre la parabole du Fils. Entre la première (celle du berger et de la brebis) et la deuxième (celle de la femme et de la pièce d’argent) : la différence sur le fait que d’un côté c’est un homme et de l’autre une femme semble nous dire que cette joie du Père du Fils retrouvé, elle nous concerne tous : homme, femme et enfant. Ce Fils peut être le Christ à certains égards mais cela serait une autre homélie, ce Fils c’est aussi chacun d’entre nous. Puis les différences entre ces deux premières paraboles et celle du Fils : tout d’abord dans les deux premières, c’est nous qui cherchons ce que nous avons perdu, dans celle du Fils, c’est le Père qui représente Dieu. De là une autre différence que quelqu’un m’a montré car l’évangile c’est encore plus riche quand on le partage à plusieurs : nous on cherche quelque chose de matériel que nous avons perdu, lui le Père :
il nous cherche où plutôt il nous attend. Et là encore une différence énorme : nous on remue ciel et terre pour trouver le bien que l’on a perdu : lui le Père : il ne va pas à la recherche du Fils, il l’attend, il le cherche du regard. Il laisse au fils vivre son expérience, l’amour du Père pour son fils va jusqu’à cette liberté et à cette responsabilité donnée : tu reviens si tu veux. Et le Fils finalement fait la rencontre du Père quand il nous est dit dans le texte qu’il se met à réfléchir ou cela serait mieux de dire quand il rentre en lui-même : quand il rentre en lui-même, qu’il s’arrête, qu’il regarde sa vie : il fait la rencontre du Père : « Tant d’ouvriers chez mon père ont du pain en abondance, et moi je meurs de faim, je vais retourner chez mon Père ». C’est l’invitation qui nous est faite pour nos vies : rentrer en nous même, prendre le temps de nous arrêter pour découvrir et reconnaitre ce qui dans nos vies est lieu de mort dont nous avons peut être besoin d’être sauvé, pour reconnaître dans nos vies ce qui nous fait vivre : quelle est la place de l’autre, quelle est la place de Dieu ?