Par Thomas-Marie GILLET

Jn 16, 12-15

L’aumônerie de l’enseignement public de notre paroisse a fêté ce samedi la « Fête de la Foi ». Les jeunes, à travers différentes activités, ont réfléchi à ce qu’était ce mystère de la Trinité, Dieu en trois personnes. Pour ma part, il me revenait d’animer un atelier de création artistique : « Dessine-moi la Trinité ». Ma tâche était bien plus difficile que celle du héros du Petit Prince de Saint-Exupéry. En effet, un mouton on sait bien à quoi cela ressemblance, mais la Trinité, qui l’a vue ? Qui peut dire qu’il sait ce que c’est ? Autant vous le dire tout de suite, personne ! Mais la tentative n’est pas vaine pour autant.

En effet des aînés dans la foi se sont attelés à cette lourde tâche de représenter la Trinité pour nous faire entrer dans la compréhension de son mystère. Je pense d’abord au célèbre iconographe russe, St Alexei Roublev et à l’icône non moins célèbre de la Trinité dont il est l’auteur. On y voit réuni autour d’une table, trois anges aux visages totalement semblables mais aux gestes et aux attitudes tout-à-fait différents. Cela dit bien quelque chose de la Trinité : trois personne totalement semblables par la divinité et totalement différentes à la fois selon leur mode d’existence. Sur le plan intellectuel, c’est le théologien St Augustin qui a nourri notre réflexion. Augustin part du constat que la création faite à l’image de Dieu contient immanquablement des traces de la Trinité. Dans la nature notamment. Considérons une goutte d’eau descendue du ciel, tombant dans un fleuve qui se jette dans l’océan. On a là trois réalités mais une seule et même substance, l’eau. De même pour le soleil, le rayon qui s’en dégage et la lumière qui nous environne. Augustin emploie aussi des images plus intellectuelles qui touchent à la spécificité de l’homme, sommet de la création. Il parle ainsi du mouvement trinitaire de l’activité de l’âme : mémoire, intelligence, volonté. Et puis surtout il parle de la trinité de l’amour : l’aimant, l’aimé et l’amour qui unit ces deux personnes. A partir de ces exemples, je crois que je peux dire que les jeunes n’ont pas démérité et ont relevé le défi avec brio.

Pour ce qui nous concerne, de toute les images que nous avons vues la plus efficace pour entrer dans le mystère de la  Trinité est sans doute cette dernière image sur l’amour. Précisément parce Dieu Trinité est amour et qu’il nous fait participer à sa vie trinitaire dans l’amour, dans la vie de grâce dont nous vivons depuis notre baptême. Comme nous le rappelle St Paul en ayant reçu « l’Esprit qui fait de nous des fils » (Rm. 8), en étant configurés au Christ, voici que « s’ouvre pour nous l’accès au monde de la grâce dans lequel nous sommes établis » (Rm. 5). Le mot clé dans la vie trinitaire c’est le mot de communion. Je crois en un seul Dieu, pas deux, pas trois, un. Mais un Dieu qui est amour. Et l’amour est forcément de l’ordre de la relation, de la communion aimant / aimé / amour qui unit. Je crois donc en Dieu Père, Fils, et Esprit-Saint. Et ce Dieu par sa grâce vient me sanctifier, me rendre digne d’être uni à Lui, d’être en communion avec Lui. Cette vie de communion en Dieu nous la vivons, portés, guidés par son Esprit quand nous appliquons le commandement suprême de la Charité et quand nous recevons les sacrements, notamment le sacrement de l’Eucharistie où nous recevons le Corps et le Sang du Christ. Je souhaite que nous puissions vivre, nous aussi dans le Mystère de la Trinité. Et je termine en vous partageant les mots d’une prière d’une sainte carmélite qui s’est consacrée toute entière à la Trinité, la bienheureuse Élisabeth de la Trinité :

« Ô mon Dieu, Trinité que j’adore,
aidez-moi à m’oublier entièrement
pour m’établir en vous, immobile et paisible
comme si déjà mon âme était dans l’éternité!
Que rien ne puisse troubler ma paix ni me faire sortir de Vous,
ô mon Immuable, mais que chaque minute m’emporte
plus loin dans la profondeur de votre Mystère.
Pacifiez mon âme, faites-en votre ciel,
votre demeure aimée et le lieu de votre repos;
que je ne vous y laisse jamais seul,
mais que je sois là tout entière,
tout éveillée en ma foi, tout adorante,
toute livrée à votre action créatrice. »