par Jean-Pierre GILNET

Jean 1, 29-34

« Que ta volonté soit faite » !

Frères et Sœurs bien-aimés,                

L’Eglise universelle débute un nouveau temps liturgique qui commence immédiatement après le baptême du Seigneur que la liturgie a anticipé le lundi 09 janvier 2023. C’est le temps ordinaire de l’année liturgique A. Des cinq temps liturgiques, le temps ordinaire est le plus long avec ses 34 dimanches. La liturgie le considère comme le temps de l’espérance, de la constance et de l’écoute symbolisé par la couleur verte. Pourtant, sur le plan littéraire et théâtral, tel n’est pas le cas. On a plutôt une connotation négative de la couleur verte surtout avec la légende qui sous-entend que Molière serait mort sur scène en jouant « Le malade imaginaire » le 17 février 1617. Et, malheureusement, le costume qu’il aurait porté pour son rôle était de couleur verte[1]. En fait, sans rentrer dans les détails superstitieux du monde théâtral, la liturgie atteste que le vert est la couleur de l’espérance et de l’écoute attentive de la Parole de Dieu.

Les textes liturgiques qui sont proposés à notre méditation pour ce 2e dimanche nous aident à répondre à l’appel que Dieu nous lance chaque jour de consacrer notre vie à sa volonté. Ici, trois (3) questions peuvent surgir : Quelle est la volonté de Dieu ? Comment faire la volonté de Dieu ? Ai-je fais toujours la volonté de Dieu dans ma vie ? L’expression « Faire la volonté de Dieu » jalonne l’univers biblique et chrétien. Selon les anthropologues chrétiens, Dieu a créé l’homme à son image et à sa ressemblance et lui procure tout ce dont il a besoin depuis la création. En effet, depuis l’origine du monde, Dieu veut le bonheur de l’homme et lui soumet tout afin qu’il soit heureux (cf Gn 2, 4-25). Donc, la volonté de Dieu c’est le bien pour toutes ses créatures en particulier, l’homme. Voilà pourquoi le psalmiste chante : « Me voici Seigneur, je viens faire ta volonté » (Ps 39 ; 2e dim. A). Le psaume 39 est très riche en enseignement et présente les différentes manifestations de la volonté de Dieu dans nos vies quotidiennes.

Dieu se présente à nous, dans nos réalités quotidiennes, comme un père compatissant, un maître-enseignant compétent, un juge impartial et surtout comme un ami sur qui on peut compter. Le prophète Isaïe découvre que Dieu l’a appelé pour devenir son serviteur et reconnaît que c’est Dieu qui l’a façonné depuis les entrailles de sa mère (cf Is 49, 3-6). Saint Paul fait cette même expérience et la témoigne aux gens de Corinthe en vue de leur sanctification. Voila une deuxième volonté de Dieu, accéder à la sainteté véritable : « Soyez parfaits comme votre père céleste est parfait » (Mt 5, 48). Ici, Dieu parle d’une ressemblance intérieure qui touche la nature et non une simple image extérieure. C’est en ce sens que Saint Thomas d’Aquin, docteur angélique,  parle de l’homme comme « imago Dei ». Le Pape François nous invite à rechercher la volonté de Dieu en disant : « Faire la volonté de Dieu, signifie croire fermement que Dieu veut et peut changer la réalité en faisant vaincre le mal par le bien »[2]. Pour le Saint Père, la triomphe du bien sur le mal, c’est ce que Dieu nous demande.

Faire la volonté de Dieu dans sa vie, c’est devenir un frère et une sœur pour l’autre. Jésus l’avait clairement dit : « Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est pour moi un frère, une sœur » (Mc 3, 35). Spirituellement, il n’est pas toujours facile d’être un vrai frère et une vraie sœur pour l’autre avec qui on vit et que l’on n’a pas choisi de son propre gré. Il existe des faux-frères. Olivier Gay, écrivain français, en parle dans son livre intitulé « Faux Frères, vrai secret »[3] où il raconte l’histoire d’une adolescente, Léa qui affichait un comportement faux à son école. C’est pourquoi Saint Paul dénonce la présence des faux frères au sein de l’assemblée de Jérusalem : « Mais, à cause des intrus, ces faux frères qui se sont glissés pour espionner la liberté que nous avons dans le Christ Jésus, afin de nous réduire en servitude… » (Ga 2, 4-5). Au sens de Jean Vanier, Fondateur de l’Arche, faisons de nos différentes communautés des lieux de la fête et du pardon. C’est l’une des meilleures façons de faire la volonté de Dieu.

Dans l’évangile du jour (Jn 1, 29-34), Jean Baptiste nous présenté Jésus comme l’agneau véritable, celui qui a fait la volonté de Dieu. Jésus est venu chercher l’homme perdu, englouti sous le poids du mal, du péché avec la mission de sauver. Le rit pénitentiel (kiriye) le souligne dans toutes nos célébrations liturgiques. Jean Baptiste, comme bien d’autres prophètes d’autrefois, a fait la volonté de Dieu et que la désignation de Jésus comme « Agneau de Dieu » nous dévoile que Dieu est réellement miséricorde. Autrefois, pour avoir le pardon de Dieu, le Grand Prêtre devait offrir des holocaustes dans le temple suivis des pénitences parfois tarifées. Aujourd’hui, en Jésus mort et ressuscité, le pardon de Dieu nous arrive gratuitement. Comme nous le faisons dans la prière de la famille chrétienne, le Pater, demandons à Dieu que sa volonté soit faite dans toutes nos actions. Puisse la très Sainte Vierge Marie, celle qui a fait la volonté de Dieu, intercéder pour nous afin que la volonté de Dieu soit faite dans toute notre vie.  Amen !

[1] https://www.rts.ch>info> culture

[2] Pape Francois, catecheses du mercredi 20 mars 2019

[3] Olivier Gay, “Faux Frères, un vrai secret”, France, mars 2017