Par Jean-Claude SERVANTON

Luc, 4, 21-30

« Mais lui, passant au milieu d’eux allait son chemin. » Il y a quelques années, un homme politique avait repris cette phrase de l’évangile pour affirmer sa liberté vis à vis des critiques et des luttes partisanes. Aujourd’hui cette parole est pour chacun de nous. Elle met en lumière la vie de Jésus qui n’en est qu’à ses débuts en public. Elle nous ouvre le chemin de Jésus pour que nous nous engagions à sa suite.

Jésus est en chemin. Il est venu à Nazareth le pays où il a été élevé. Aujourd’hui il est poussé dehors et il va son chemin. Quel est son chemin? Il l’a annoncé, il l’a lu dans la synagogue de Nazareth: « l’Esprit du Seigneur est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé porté la Bonne Nouvelle aux pauvres, annoncer aux captifs leur libération et aux aveugles qu’ils retrouveront la vue, remettre en liberté les opprimés, annoncer une année favorable accordée par le Seigneur. » Son chemin est ainsi défini par le prophète Isaïe. Aujourd’hui le chemin se précise. Son chemin de prophète, d’envoyé, de témoin de Dieu, de Parole vivante de Dieu va très loin, au delà de toutes les frontières. Les gens de Nazareth auraient bien voulu le garder pour eux, qu’il fasse des miracles chez eux. Jésus leur échappe, il devient pour eux comme un étranger, il est étrange. Ils croyaient bien le connaître. Mais qui est-il? Pour qui se prend-il? Et ces questions les dérangent, les insupportent. Nous ressemblons aux gens de Nazareth. Nous connaissons Jésus, il nous est familier… Et pourtant chaque dimanche nous allons ouvrir l’évangile, cette année celui de saint Luc. Celui-ci nous emmène en chemin, sur les pas de Jésus.

Le chemin de Jésus est d’aller vers ceux et celles qui sont au bord du chemin: les pauvres, les captifs, les aveugles, les opprimés. Son chemin est d’aller au delà des frontières. C’est ainsi que Dieu va son chemin parmi les hommes. « Dieu aime les païens » c’est le titre d’un livre écrit par un missionnaire au Vietnam, je crois que le supérieur du missionnaire nous lisait. L’amour universel de Dieu commence par les plus éloignés. Il ne commence pas par le haut du panier, ceux qui le fréquentent déjà, mais par le bas du panier, les plus loin. Jésus a reçu sa mission de prophète à Nazareth. Il se met en route et gardera le cap jusqu’à sa mort sur la croix. Déjà à Nazareth on veut le précipiter en bas d’un escarpement.

Mais alors, et nous? Allons-nous laisser filer Jésus comme les gens de Nazareth ou nous engager sur le même chemin? Si nous le faisons, nous allons rencontrer des gens étonnants, les Bartimée, les Matthieu, Zachée, un centurion, une pécheresse, des samaritains, des lépreux, des malades, des petits-enfants… des gens étonnants, différents de nous… ils ne parlent pas notre langue, n’ont pas la même religion que nous, n’ont pas le même rang social que nous. Et pourtant en leur ouvrant notre porte, notre cœur, nous découvrons la même humanité que nous, avec ses faiblesses et ses richesses. A leur contact nous recevons plus que nous donnons. A Nazareth, Jésus a accueilli son chemin dans la Parole de Dieu, Il a reçu l’onction de l’Esprit Saint pour accomplir sa mission. C’est le même souffle, la même richesse que nous découvrons en nous quand nous osons de faire le pas de le suivre. Ne laissons pas filer Jésus, il nous entraîne  sur le même chemin, il ne nous abandonne pas. Il nous enrichit de ces rencontres, les siennes et les nôtres.

Après sa résurrection, c’est encore en chemin qu’il se laisse reconnaître par deux disciples désespérés auxquels il donne l’intelligence de son chemin, ce chemin sur lequel il se donne encore à eux.