Par Jean-Claude SERVANTON

Marc, 8, 27-35

Nous n’aimons pas la solitude. Nous craignons de nous ennuyer, de broyer du noir. Nous plaignons les personnes qui doivent vivre seules. Il nous arrive de prier pour elles. Pourtant n’y a-t-il pas des moments où nous ne pouvons qu’être seuls? aux moments de choix importants. On décide de sa vie seul. Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus s’avance vers un chemin de solitude, hors des sentiers battus… un chemin solitaire… un chemin qui, cependant, ne l’éloigne pas de ses disciples qu’il tient pour amis. Ne nous engage-t-il pas à le suivre sur le même chemin?

Nous faisons tous l’expérience de la solitude… solitude d’un jour sans visite à recevoir ou à rendre… solitude choisie pour trouver un peu de repos. Il est des moments où nous sommes toujours seuls, ces moments où il faut choisir. Certes, parents et amis nous on fait part de leurs conseils, de leurs encouragements, mais c’est bien à nous de décider. Dans l’évangile Jésus arrive à ce moment. Quel chemin doit-il choisir?

Il demande : « pour les gens, qui suis-je? Jean-Baptiste? Elie? ou l’un des prophètes? » et s’adressant aux disciples: « Et pour vous, qui suis-je? » Nous connaissons la belle réponse de Pierre : « Tu es le Christ ». Et Jésus commence à enseigner qu’il faut qu’il souffre beaucoup, qu’il soit rejeté par les anciens, les grands prêtres et les scribes, qu’il soit tué et que trois jours après il ressuscite. Il s’attire de la part de Pierre de vifs reproches. Il est bien le Christ, mais pas du tout le Christ triomphant, attendu et imaginé par Pierre. Ainsi Jésus n’entre dans aucune catégorie pensée par les hommes. Il s’engage sur un chemin de solitude. Il est seul à choisir son chemin, sa vie, sa mort, sa vocation… selon la pensée de Dieu. La vie nous conduit à ce choix, à ces moments de solitude, soit nous refusons la situation qui survient, nous nous enfermons, soit nous acceptons et nous découvrons un nouveau chemin, le nôtre… seul pour décider.

Pour Jésus, aucun des chemins déjà tracés, celui de Jean-Baptiste, celui des prophètes, n’est le sien… celui de Christ, de Messie doit être rectifié. Jésus trouve son chemin dans celui du serviteur tel que le prophète Isaïe le décrit dans la première lecture de ce dimanche… Ce texte que la liturgie nous propose au cours de la semaine sainte. Jésus seul est à un carrefour, et nous, nous sommes seuls face au cœur de notre foi. Je crois me rappeler que St Paul écrit « Je n’ai rien voulu savoir parmi vous que le Christ et le Christ crucifié ».

Quand les situations de la vie nous conduisent à prendre un choix vital, nous pouvons regarder du côté de la croix. Quoi qu’il nous arrive, il y a toujours un chemin, pas celui des vainqueurs, des gagnants mais celui des serviteurs, celui du Christ. Il reste toujours quelqu’un à aimer, à servir. Et si ce service devient impossible, nous avons toujours un bout de vie à offrir. Je pense à Charles de Foucauld, je ne le connais pas bien pour vous en parler…mais enfin il me semble qu’il a mis du temps pour trouver sa voie. Dans la solitude de son ermitage à Tamanrasset, il s’est nommé « frère universel ». La solitude à la suite du Christ nous permet d’entrer dans la communion la plus vaste. Par la prière et le service du prochain, nous vivons selon les pensées de Dieu, nous nous conformons au Christ.