Par Franck GACOGNE

Jean 3, 16-18

Il y a beaucoup de gens, parmi les catholiques qui disent que Dieu a dû envoyer son Fils dans le monde en quelque sorte pour le réparer, le corriger parce qu’il partait à la dérive, était dépravé ou ne croyait plus en Dieu.

Mais tout cela est faux, l’unique raison pour laquelle Dieu envoie son Fils c’est au contraire parce qu’il aime le monde d’une manière surabondante et que pour cette raison, le Fils trépigne d’impatience de vouloir aller partager la vie des hommes, pour leur offrir sa vie, la vie éternelle. Ce que l’on appelle « le salut » (Irénée de Lyon)

S’il y a une seule phrase qu’il fallait connaître par cœur de l’évangile de Jean, je crois qu’il faudrait que ce soit celle que nous avons entendue : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique ». Voilà la vraie raison.

Ce que nous fêtons aujourd’hui s’appelle dans le jargon de l’Eglise et pour tous les chrétiens la sainte Trinité. Voilà un mot bien compliqué, posé pour dire une expérience pourtant simple de Dieu. Les apôtres n’ont rencontré ni Dieu, ni la Trinité… Ils ont fait un bout de chemin avec Jésus qui leur a parlé de son Père en leur disant combien ils étaient unis, et de ce Fils uni au Père, ils ont reçu la force qui se dégageait de leur relation, cette force c’est l’Esprit Saint et petit à petit, ils ont compris que le Dieu unique était chacun. Nous affirmons que Dieu est unique, mais en fait, il se trouve qu’il nous a été révélé comme Père, comme Fils, comme Esprit Saint. Cela veut dire qu’en Dieu il y a de la relation, de l’échange, il y a comme une circulation de vie, c’est pour cela que l’on peut dire de Dieu qu’il est vivant, qu’il est amour, et non pas figé ou solitaire.

Dire que le Dieu unique se manifeste en trois personnes, cela nous permet de sortir d’un cauchemar : celui d’un Dieu qui se ferait face à lui-même. La Trinité nous sort de ce cauchemar pour nous ouvrir à un style de vie relationnel en Dieu, marqué par un échange, marqué par une circulation d’amour au centre de laquelle Dieu place l’homme. Si Dieu se décline en trois personnes c’est pour dégager un centre. Pour Dieu, c’est l’homme qui est au centre, en vue d’amener l’homme à choisir en toute liberté de faire de Dieu le centre de sa vie.

Difficile de se représenter la Trinité, alors j’aimerais que l’on reparte avec une image en tête, vous l’avez sur votre feuille de chant. En Suisse, il existe cette sculpture très inspirante qui essaye de représenter la Trinité. On y voit un cercle au centre dans lequel se trouve un homme accablé, écroulé, mal en point, un homme dans toute sa faiblesse. Autour et imbriqué dans ce cercle central viennent se greffer trois autres cercles. Dans celui de droite, on y voit le Père qui se penche sur l’homme. Il le tient, le porte, il prend soin de lui, il l’embrasse, c’est le Père de la parabole qui attends le retour de son Fils. Dans le cercle de gauche, on voit Jésus, Fils de Dieu, s’abaissant, descendant plus bas encore que l’être humain le plus accablé. Il saisit les pieds de l’homme, les couvre de baisers, les lave. Enfin au-dessus dans le troisième cercle l’Esprit saint, sous forme de colombe et de flamme de feu à la fois, fait irruption par le haut vers l’homme pour lui redonner l’espérance, de la vigueur et de la joie, pour lui donner la dignité de Dieu.

Dans cette sculpture, c’est bien l’homme qui est au centre, mais au centre de toute l’attention de Dieu, de sa charité et de sa miséricorde. L’homme accablé est englobé dans l’amour de Dieu. Oui vraiment pour Dieu, l’homme est au centre ! Mais en vue d’amener l’homme à faire de Dieu le centre de sa vie, pour comme lui, savoir se donner et servir.

Cet homme, c’est moi. Je peux, je veux l’être… Reconnaître ma faiblesse, me laisser toucher par ce Dieu si bienveillant. L’amour circule en Dieu au bénéfice de l’homme qui en exprime le désir. Qui ne souhaiterait être au cœur d’un tel échange ? Amen.