Par Père Lys MOKOKO

Marc 10, 46-52

« Que veux-tu que je fasse pour toi ? »

                       « Rabbouni, que je retrouve la vue »

         Bien aimés dans le Seigneur,

En ce dimanche missionnaire, l’Eglise nous offre une expérience spirituelle enrichissante, celle de Bartimée, un aveugle mendiant assis au bord de la route dont la rencontre avec Jésus bouleverse et change positivement toute sa vie. En effet, la rencontre de Jésus et Bartimée est l’une des plus belles pages de la Bible vu la richesse du message qui se dégage. En relisant attentivement cette page d’évangile, nous découvrons que Bartimée est sous le cout d’une triple misère : cécité-pauvreté- l’exclusion sociale. Comme on le voit, Bartimée n’est rien et n’a rien, broyé par la cécité, marginalisé, pauvre et mendiant, personne donc ne pose sur lui un regard de soutien et de réconfort, Bartimée est dans la nudité de sa misère parce qu’autour de lui, il n’y avait que l’indifférence, l’injustice, la méchanceté, les obstacles, l’étouffement, l’hostilité à l’instar des gens qui le rabrouaient pour le faire taire. Donc, Bartimée a été tué socialement par ses contemporains et son tombeau se trouvait dans leur cœur. Mais, malgré cet environnement d’indifférence rempli d’obstacles, Bartimée était là plein d’espérance et « lorsqu’il entendit que c’était Jésus qui passait, il se mit à crier : Fils de David, Jésus, prends pitié de moi ». Ce profond cri de Bartimée révèle qu’il avait la clé qui ouvre l’avenir : la foi, et par conséquent il savait que la foi touche le Christ et provoque sa compassion, il avait compris que le charpentier de Nazareth est le messie attendu : quelle merveilleuse intuition spirituelle. Et Jésus entend la magnifique vibration de la foi de cet aveugle et demande qu’il vienne. Suite à cet appel de Jésus, Bartimée pose un geste hautement significatif : « il jeta son manteau bondit et courut vers Jésus », en jetant son manteau, l’aveugle rejette donc son passé chargé de honte, il rejette ce qui faisait sa sécurité et sa richesse parce que toute sa vie ne se définit désormais qu’en fonction de sa rencontre avec Jésus. Alors Jésus lui pose la question : « que veux-tu que je fasse pour toi ? » et Bartimée dit : « que je retrouve la vue » et Jésus déclare : « va, ta foi t’a sauvé ». En rencontrant Jésus, Bartimée passe de la mort sociale à la vie en Dieu, il passe de l’éparpillement à la recomposition de soi et la reconstruction de sa dignité, il n’est plus au bord du chemin pour mendier, il est désormais réintégré dans la communauté, dans le chemin de la justice et de l’évangile tracé par Jésus, il est passé d’un statut d’objet à un statut de sujet début et vivant. Bartimée a eu un nouveau statut social grâce à l’amour réparateur et sauveur de Jésus. Bartimée nous montre que Jésus est la bonté incarnée. Nous sommes souvent des aveugles qui s’ignorent, et en ce sens Bartimée devient le modèle de la persévérance et de l’espérance inébranlable, il nous apprend que le mal n’a pas le dernier mot sur nous. Bartimée est le modèle de ceux qui cherchent un nouveau commencement, car très souvent nous discernons mal ce qui se trouve en nous et autour de nous, très souvent nous ne savons même plus comment orienter notre vie, du cout, il arrive que nous tâtonnons sans trop savoir ce qui guide nos choix. L’expérience et l’itinéraire spirituel de Bartimée sont le miroir de notre existence et de notre détresse humaine où parfois l’obscurité nous envahit, la confusion nous gagne et parfois nous disons « je ne sais plus où j’en suis » ; « je ne vois plus clair ». Bartimée révèle nos propres aveuglements et nos pauvretés intérieures. Prions ce matin afin que sous la mouvance du Saint-Esprit, Jésus nous délivre de nos multiples aveuglements. Amen