Par René BEAUQUIS

Marc, 7, 31-37

Au cours de sa vie publique Jésus se rendit plusieurs fois en territoire païen. Il n’y a pas prêché parce qu’il n’a été envoyé, disait-il, qu’aux brebis perdues de la maison d’Israël. Mais il s’est fait proche de ceux qu’il trouvait dans le besoin en les guérissant. D’ailleurs, partout où il allait, Jésus, de par son identité de Fils de Dieu ne pouvait que s’attaquer au mal et à Satan.

Marc qui nous raconte ce récit d’évangile, nous précise le parcours géographique de Jésus en terre païenne. Il se trouve dans le territoire de la Décapole quand des gens lui amènent un sourd-muet. Ils supplient Jésus de poser la main sur lui. Mais jésus décide de faire autrement, il emmène le sourd-muet à l’écart, loin de la foule, il met les doigts dans ses oreilles, et, avec sa salive, lui touche sa langue. Des gestes médicaux qui seraient interdits en France non seulement en raison du manque d’hygiène mais aussi en raison des fameux gestes barrières.

Tous ces gestes de Jésus sont significatifs. Ils ne sont pas là par hasard. Dieu nous parle à travers eux. En se mettant à l’écart de la foule, Jésus se différencie de tous les faiseurs de prodiges, de tous les magiciens qui cherchaient le sensationnel. Jésus se met à l’écart comme pour nous dire qu’il va accomplir un événement sacré. En levant les yeux vers le ciel et en soupirant, Jésus laisse entendre que c’est en union avec son Père qu’il agit pour rétablir cette personne dans sa dignité humaine.     Lui le Verbe de Dieu par qui tout a été fait au début du monde, refait-là un geste de recréation.

Si Jésus fait cette guérison à l’aide de gestes corporels impliquant le contact physique, c’est en vue de nous montrer comment il va continuer, par son Eglise, à exercer son salut lorsqu’il sera retourné vers son Père après sa mort et sa résurrection.

Jésus a en vue les sept sacrements qu’il va laisser à son Eglise pour qu’en son nom, elle offre son salut aux chrétiens dans les moments importants de leur vie. De la naissance à la mort, toute notre existence peut être vécue unie au Christ.

Si la présence et l’action du Christ est signifiée dans les sacrements non seulement par des paroles de consécration, mais aussi par des gestes et des éléments symboliques comme l’eau pour le baptême, le pain et le vin pour l’eucharistie et l’huile pour divers sacrements, c’est parce que le Christ a voulu en quelque sorte que l’Eglise dont il est la tête et nous ses membres puissent continuer de manifester son incarnation et de rester ainsi proche de nous.

Dans l’évangile de ce dimanche, Jésus n’a pas seulement guéri l’homme de sa surdité, il a aussi délié sa langue pour qu’il puisse parler.  En somme Jésus refait de cet homme un être de communication tel qu’il l’a voulu lors de la création de l’homme.  Nous devinons l’intention de Dieu :  voir les hommes fraterniser au point de devenir sa grande famille.

Il est évident que c’est dans la mesure où nous sommes capables d’entrer en contact avec la Parole de Dieu soit par nos oreilles soit par nos yeux que nous pouvons l’accueillir en nous et lui permettre de nous édifier jour après jour en fils ou filles de Dieu capables de mettre la foi et l’amour au cœur de notre vie pour l’orienter selon la volonté de Dieu.

Je découvre à la Clinique Psychiatrique St Vincent de Paul dont je suis l’aumônier que la plupart des filles baptisées au début de ce siècle n’ont aucune connaissance au point de vue religieux.

Or, je trouve désolant que tant de graines de baptême soient restées stériles et ne vont peut-être jamais déboucher sur la joie de se découvrir les filles bien aimées de Dieu.

La joie de se découvrir aimé de Dieu au point qu’il a voulu nous partager sa vie divine est trop belle pour qu’elle reste enfouie en nous, elle demande à être partager autour de nous. D’où le besoin de ne pas être muet, de dire la foi qui nous anime.

Témoigner de sa foie n’est pas chose facile car nous sommes atteint d’un mutisme qui nous prive de partager notre foi et de faire ainsi partie des ouvriers de l’évangile et de l’Eglise.

Que le Seigneur Jésus qui a guéri le sourd-muet nous prenne en pitié et nous guérisse.