par Père Lys MOKOKO

Mc 9, 30-37

Pouvoir-domination ou pouvoir-service ?

Chers frères et sœurs en Christ,

Les textes bibliques de ce dimanche nous introduisent au cœur des jeux et enjeux du pouvoir dans ses multiples dimensions : sociale, spirituelle, morale et psychologique. Dans l’évangile de ce jour, Saint Marc nous livre le contenu du projet, les intentions personnelles des disciples de Jésus traduisant ainsi leur soif du pouvoir et le goût négatif des honneurs, car ils se demandaient entre eux : « qui était le plus grand», si bien qu’ils n’étaient plus attentifs à l’enseignement du Christ. Ce matin, Jésus veut changer et enrichir notre manière de chercher, d’exercer et de vivre le pouvoir en Eglise et dans la société. En effet, nous sommes parfois séduits malheureusement par la tentation du pouvoir-domination qui n’est pas de toute évidence, le pouvoir que Jésus a laissé à son Eglise et à ses fidèles. Ainsi, le goût du pouvoir et la soif des honneurs sont des réelles tentations qui séduisent au quotidien le disciple de Jésus, car le pouvoir mal compris, peut devenir l’instrument de destruction d’une communauté chrétienne et sociale ; le pouvoir mal saisi, peut offusquer et anéantir l’annonce de l’évangile et l’engagement de certains chrétiens ; le pouvoir mal exercé, peut devenir un lieu de dégradation du tissu évangélique, fraternel et communautaire ; le pouvoir-domination nous éloigne de la face de Dieu, nous chasse du cœur sacré de Jésus, humilie la présence de l’Esprit-Saint en nous, appauvrit notre témoignage chrétien et le sens de notre présence au cœur de la société ; le pouvoir-domination est une ‘’drogue’’ qui nous éloigne de la logique évangélique ; le pouvoir-domination ne nous ouvre nullement à la richesse de la parole de Jésus et ne permet pas la profondeur de Dieu dans la profondeur de l’humain ; le pouvoir mal compris dans l’Eglise peut devenir un lieu de jalousie, de rivalité et de mort comme l’illustre si bien le livre de la Sagesse et la Lettre de Saint Jacques que nous venons d’écouter. L’extrait du livre de la sagesse révèle que ceux qui méditent le mal sont à vrai dire, ceux qui veulent avoir de l’ascendance sur les autres, ils veulent écraser et abuser pour mieux régner, et c’est le même message qui retentit dans la Lettre de Saint Jacques parce que la jalousie et les rivalités au sein d’une communauté ne s’expliquent que par le goût effréné du pouvoir-domination.  C’est donc avec raison qu’au pouvoir-domination recherché par ses disciples, Jésus répond par le pouvoir-service : « si quelqu’un veut être grand, qu’il soit le serviteur de tous », car le pouvoir-domination est une pure trahison de l’Evangile et par conséquent, là où se trouve Jésus et ses fidèles, le pouvoir-domination n’a pas sa place. Jésus nous donne un pouvoir bien sûr, mais un pouvoir d’une autre nature : le pouvoir-service qui enrichit la différence, supprime les divisions, respecte les personnes dans leurs qualités et fragilités, tonifie l’engagement missionnaire. En ce jour, prenons le chemin du pouvoir-service pour mieux témoigner de l’évangile dans nos responsabilités diverses, pour rebâtir l’édifice de la chaleur fraternelle et communautaire. Le pouvoir-service n’est pas seulement un mot, mais c’est une attitude spirituelle, une manière d’être selon la logique de l’évangile, un engagement missionnaire et pastoral. Le pouvoir-service est donc le pouvoir de l’amour, et étant guidé et définit par l’amour, le pouvoir-service devient un lieu de rencontre fraternelle favorisant ainsi la coresponsabilité missionnaire. Le pouvoir c’est donc servir, car nous n’avons pas le pouvoir pour nous même, mais pour servir la communauté, la société et être attentifs aux cris de notre époque. Avec l’intercession de St Etienne, que le Saint-Esprit nous donne la force et l’audace pastorale de vivre et d’être des témoins du pouvoir-service afin de transmettre généreusement aux générations d’aujourd’hui et de demain les raisons de croire à l’Evangile. Amen