Par Eric de NATTES

Matthieu 4, 12-23

Appel des disciples (Dimanche de la Parole)

1°) La géographie des Évangiles est d’abord théologique/spirituelle : Le centre de l’activité missionnaire de Jésus = désormais Capharnaüm (ville qui a donné en français un éponyme célèbre qui signifie un bazar incroyable, un joyeux désordre, un mélange de réalités très diverses). Et d’une certaine manière, c’est bien ce que veut signifier Matthieu : c’est dans un territoire de carrefour, de mélange, d’influences qui viennent de partout que la mission va partir. Notre pape serait heureux, c’est la périphérie qui devient le centre de l’attention. Jésus aura la même joie devant le centurion de Capharnaüm venu lui demander la guérison de son serviteur bien-aimé : « je n’ai pas vu une telle foi dans tout Israël ». Et l’on pourrait ajouter que le centre – Jérusalem – devient comme périphérique, le lieu qui ne bougera pas et qui va devenir persécuteur ! Et même meurtrier à l’encontre de Jésus. Je laisse à chacun les développements pour aujourd’hui que l’on pourrait faire : que ce soit en matière religieuse ou politique. Où est le centre ? Ne se préoccupe-t-on pas beaucoup du centre alors que la vie est peut-être en train de bouger ailleurs…

Peut-être plus difficile à entendre. Le centre n’est pas non plus Nazareth, le lieu de la croissance de Jésus, de sa vie familiale, de son enracinement humain. Nul n’est prophète en son pays. Et surtout pas dans sa propre famille. Jésus connaîtra des difficultés avec sa famille qui ne comprendra pas ses paroles, ses positions, jugées comme des provocations. L’appel de Jésus confirme, pour Matthieu, cette coupure qu’il faut savoir poser : « Jacques et son frère Jean, laissant là leur père et leurs filets suivirent Jésus ! »

On comprend alors le message : Le centre, c’est là où il y a Jésus, où il y a l’Évangile qui se vit ! Là où la Parole est entendue et vécue ! Le centre peut donc être partout si l’on sait regarder. Il peut être à Bron, en ce moment, dans, ou hors de notre Église repérée comme telle. Là où est vivant l’Évangile de Jésus : c’est-à-dire ÉCOUTÉ et VÉCU ! C’est alors qu’Il est Parole et pas seulement un écrit de sagesse parmi tant d’autres !

 

2°) Jésus commence à Appeler : on s’interroge tout de suite… pour quelle mission ? Quel est son projet ? Pour faire quoi ? Pour le suivre ! Marc dira pour « être avec Lui ». « Venez à ma suite, et je ferai de vous des pêcheurs d’homme. » Être chrétien si l’on peut dire, c’est être appelé à suivre Jésus : compagnonnage, proximité, amitié, relation, attachement, écoute, attention, être-avec, être relié, lié à Lui, tout cela est premier par rapport à l’action, au faire. Comment pourrait-il en être autrement ? Si nous avons compris que croire en Dieu, le Dieu révélé dans les Évangiles, ce n’est pas croire que Dieu fait à ma place, est là pour arranger mes situations catastrophiques et se retirer ensuite quand le besoin n’est plus là, mais pour être avec moi (L’Emmanuel), si l’ ‘’être de dieu pour nous’’ est d’être « avec nous » alors c’est bien, de notre côté, « être avec Lui » qui constitue notre être chrétien. Cela ne signifie nullement que Dieu ne soit qu’avec ceux qui croit en Lui bien sûr, cela signifie qu’être Chrétien est dans la réponse à cet appel à être avec Lui !

Quelle joie d’entendre d’ailleurs les mouvements humanitaires dire toujours : hors de l’urgence absolue, il ne s’agit pas de faire à la place, de donner pour, mais bien d’accompagner, de permettre, d’aider à… donc à « d’être avec ».

Comment être avec Jésus sans être appelé, interpelé, donc à l’écoute ? Là où est Jésus il doit y avoir sa Parole qui surprend, déconcerte, mais aussi suscite notre compréhension, notre interprétation, notre intelligence et notre coeur… N’est-ce pas cela une Parole qui devient un Appel dans ma vie puisqu’elle suscite ma réponse ?