Par Amos BAMAL

Luc 10, 38-42

Choisir la meilleure part.

L’accueil, l’hospitalité, sont au cœur des textes de ce dimanche. Comme par le passé, l’accueil reste un enjeu majeur de nos sociétés où les gens sont en perpétuel mouvement, en constants déplacements. L’accueil c’est comme le miroir d’une personne, d’une société, d’un pays, d’un monde. En effet, c’est la qualité de l’accueil qui fait la beauté ou non, l’attractivité ou non d’une personne, d’une région, d’une société, d’un pays…

L’accueil, ce n’est pas seulement les structures dans lesquelles vous êtes accueillis, c’est aussi et surtout les personnes qui vous accueillent. On n’est pas seulement accueillis par des maisons, mais aussi par des regards, des comportements, des cœurs…Les deux sœurs Marthe et Marie dont nous parle l’évangile, symbolisent en effet deux façons d’accueillir. Marthe, c’est le souci de la structure bien emménagée, de la table bien prête, de la prise en charge de celui qu’on accueille. Marie, c’est le souci de la chaleur humaine qu’on offre, cette présence, cette oreille attentive, ce regard bienveillant qu’on pose, finalement ce respect qu’on donne et que ressent très bien celui ou celle qu’on reçoit.

L’évangile nous montre comment Marthe s’active pour que les conditions matérielles soient idéales pour accueillir Jésus : une belle table sûrement, de belles nappes, une belle décoration, une belle saveur, du bon vin…ce sera son principal souci, sinon le seul. Elle veut offrir, elle veut donner, elle veut qu’il apprécie ce qu’elle lui offre. Et tout doit être mis en œuvre pour cela, tout le monde doit être mobilisé. D’où le reproche qu’elle fait à sa sœur Marie qui semble ne pas être consciente des enjeux. Comme Marthe, on a tous connu le stress d’accueillir une personne, surtout lorsque c’est une personne pour qui on a beaucoup d’estime. Il nous est déjà aussi arrivé, pressé par ces préparatifs, de bousculer telle personne, de reprendre telle autre…

Dans ces conditions, le danger est qu’on vive l’accueil non pas comme un bonheur, mais comme une charge, un souci supplémentaire, et qu’on ne retrouve la paix qu’une fois la personne partie. Le but de celui qui vient chez nous n’est certainement pas de nous déranger, de nous stresser, mais de passer de bons moments avec nous. Par contre Marie, par son attitude pleine de délicatesse et d’écoute attentionnée, va mettre Jésus au centre de l’accueil. Pour elle, son hôte est d’abord une richesse à apprécier, à écouter, à accueillir avec bonheur.

De Marie nous découvrons qu’accueillir, c’est d’abord accepter de recevoir, d’écouter, et non pas se précipiter à donner. Nous apprenons d’elle que l’accueil devrait être perçu aussi comme une occasion où on s’enrichit et pas seulement comme une occasion où on s’épuise et s’appauvrit. L’homme n’a pas seulement besoin qu’on fasse ceci ou cela pour lui, il a d’abord faim et soif d’être écouté, d’être considéré. A travers sa réaction en faveur de Marie, Jésus exprime la soif qu’éprouve aujourd’hui les hommes, les peuples d’être écoutés. Si on s’écoutait plus les uns les autres, on se rendrait mieux service. Et s’il y a une chose dont Jésus a plus besoin, c’est que nous l’écoutions. Et peut-être que nous l’écoutions d’abord. Plus on l’aura écouté, mieux on pourra le servir.

Comme à Marie, Jésus nous invite à choisir la meilleure part, à savoir prendre le service par le bon bout. Et le bon bout, c’est d’écouter d’abord, d’accueillir ce que l’autre dit, ce qu’il veut, ce à quoi il aspire.

Puisse le Seigneur nous donner dans les agitations de notre monde la grâce de l’Esprit Saint, afin de découvrir l’essentiel qu’il attend de nous : savoir toujours repérer en tout visage humain le vrai visage de Dieu.

                                  Amen.