Par Jean-Claude SERVANTON

Luc 24, 46-53

Les textes de cette fête de l’Ascension nous incitent à lever les yeux vers le ciel où Jésus est emporté. Le mot « ascension » peut avoir signifié « élévation »-« exaltation ». Saint Paul dans sa lettre aux chrétiens de Philippe reprend les mots d’une hymne: « Dieu l’a souverainement exalté et lui a donné le nom qui est au-dessus de tout nom afin qu’au nom de Jésus tout genou fléchisse aux cieux, sur terre et aux enfers et que notre langue confesse que Jésus Christ est Seigneur. » L’Ascension n’est pas qu’une montée vers le ciel, elle est aussi une élévation, une exaltation qui questionne notre foi, une élévation qui nous concerne.

Tout départ, toute disparition met en valeur la présence de celle ou celui qui est parti. Tout à coup, quelqu’un nous manque. On pense à elle, à lui. Son départ laisse une place vide que nous emplissons par le souvenir de ce qu’elle, de ce qu’il a fait pour nous, de ce que nous vivions ensemble. D’une vie faite d’ombre et de lumière nous ne retenons que ce qui est lumière pour nous, ce qui nous paraît avoir une valeur éternelle. A l’ascension, à la Résurrection, c’est un peu ce qui se passe pour Jésus. Dieu, le Père, lui rend hommage, l’évangile dit le glorifie, l’élève. Dieu reconnaît en lui l’homme pour qui il a créé le monde, l’homme dont il veut faire son ami, son allié, l’homme qui est son fils, l’homme réconcilié, libéré. Par Jésus, fils de Dieu, Jésus homme ressuscité, élevé, toute l’humanité est élevée. Et pas l’humanité en général mais chacune, chacun de nous, chaque personne humaine. Depuis que Jésus a été élevé au ciel, je ne peux pas ne pas considérer chaque femme, chaque homme comme aimé de Dieu, élevé par Dieu quel qu’il soit, riche ou pauvre, croyant ou non, grand ou petit… malade ou bien portant.

Jésus élevé au ciel par Dieu ce n’est pas n’importe qui, c’est d’abord le crucifié, celui qui est emporté au ciel porte les marques des clous. Il a aimé le siens jusqu’au bout. Il a tracé un chemin d’humanité qui exclut toute volonté de puissance, de prise de pouvoir. Il est descendu au plus bas, auprès des exclus de la société et même de la religion. Il a tracé ce chemin d’humanité et nous fêtons aujourd’hui le jour où ce chemin conduit au ciel. Cette fête nous entraîne sur le même chemin. Pour que nous restions en chemin, Jésus nous donne son Esprit, sa force et sa lumière. C’est lui qui ouvre notre intelligence, nous donne la force de retrouver le chemin ouvert par le Christ. Mieux par cet Esprit, nous sommes ensemble. Nous ne sommes pas seuls mais en époux, en famille, en amis, en frères, en mouvement, en groupe, en paroisse, en Église.

Jésus élevé par Dieu. Nous faisons tous des projets pour vivre mieux en famille, en groupe. Nous rêvons d’un monde plus juste, d’un monde en paix, d’un monde où l’homme se réconcilie avec la nature. Nous ne préparons pas l’avenir d’une certaine façon, nous en venons, c’est cet avenir qui dicte nos projets à mettre en œuvre aujourd’hui. Depuis que Jésus a été élevé nous rendons présent l’avenir qu’il a ouvert. J’aime bien la Jérusalem céleste descendant du ciel parée comme épouse pour son époux. Nous avons à parer notre humanité comme une épouse parée le jour de son mariage. Ce n’est pas demain la veille…mais si c’est déjà aujourd’hui. Le Christ ressuscité l’a parée. Essayons de faire un sorte qu’elle soit de plus en plus belle de cette beauté dont elle est déjà revêtue.