Par Jean-Claude SERVANTON

Jean 10, 27-30

Il m’a été donné de voir la parabole du jugement dernier. En visite dans une chèvrerie, j’ai vu le berger arriver avec son troupeau de chèvres et de brebis. Il a ouvert la porte et au dessus des bêlements, j’ai entendu sa voix s’élever : « Les brebis ! » et celles-ci rejoignirent leur enclos et les chèvres le leur. « Mes brebis écoutent ma voix » annonce Jésus dans l’évangile. C’est vrai, les brebis écoutent la voix du berger. Qu’est-ce qu’elle a de spécial cette voix ? Pouvons-nous écouter la voix de Jésus, le bon pasteur ?

La voix de chaque personne est unique. Quand je décroche le téléphone, je reconnais la voix de celui ou celle qui m’appelle si c’est une personne que je connais. La voix identifie chaque personne. J’admire les artistes qui essaient d’imiter la voix de personnages illustres. Chacune, chacun a sa voix. Donc il n’est pas étonnant que la voix de Jésus fût unique. La voix est plus qu’une transmetteuse de son. Le petit enfant reconnaît la voix de sa mère, elle ne lui transmet pas que des sons. Elle le sécurise et parvient parfois à calmer ses pleurs. Il suffit d’entendre une voix amie pour aller mieux. La voix ne vient pas que des cordes vocales, elle vient du cœur.

Si les brebis écoutent la voix du berger, c’est parce qu’il les connaît. Avant même que Jésus ouvre la bouche, il nous connaît. Combien de fois l’évangile nous dit qu’il sait ce qu’il y a dans l’homme ? Cette connaissance n’est pas une connaissance froide, elle a la chaleur de l’amour, de cet amour qui pousse le berger à la recherche de la brebis égarée. Le bon berger n’aime pas son troupeau, il aime chaque brebis. Dans « Prions en Eglise » j’ai lu ce proverbe africain : « cinquante brebis sans un berger ne font pas un troupeau ». Nous craignons d’être comparés à un troupeau de brebis. L’image de l’évangile met en lumière la personne du bon berger. Il est celui qui nous connaît. Et c’est pourquoi nous pouvons le suivre.

Le bon berger, le Christ, nous connaît et Il nous donne la vie éternelle, il nous donne sa vie. Ce qui est extraordinaire dans les textes de ce jour c’est que l’Agneau est aussi le Pasteur. Le Pape nous disait que le pasteur guide son troupeau, il marche devant. Il marche aussi derrière avec les retardataires. Il marche au milieu, il s’imprègne de l’odeur des brebis. Le Christ a pris place dans le troupeau, car il donne sa vie, il partage sa vie pour que sa vie de Fils soit offerte à tous.

Le bon berger n’a pas acheté son troupeau. Il l’a reçu des mains du Père. Nous sommes entre de bonnes mains. Il prend soin des brebis parce qu’il les a reçues. Il travaille pour plus grand que lui, pour le Père. Il est la main du Père.

« Mes brebis écoutent ma voix ». Nous n’entendons pas la voix de Jésus et nous l’écoutons. Car sa voix passe par toute sa vie, par le don de lui-même. Il est l’Agneau et le Pasteur. Sa voix passe par ses mains, par toute sa personne. Elle résonne en nous comme la voix de celui qui réveille notre désir de bonheur. Sa voix est portée par l’Esprit que ressuscité il a soufflé sur les disciples et plus tard à Pentecôte sur tous.