Par Amos BAMAL

Mt 2,1-12

                         Partir à la rencontre de Dieu.

Aujourd’hui ou ces jours-ci, je suis sûr que nous allons partager en famille, ou avec des amis une galette des rois. Un enfant sous la table lance des prénoms. Et parmi ceux qui sont là, il ya toujours à la fois ceux qui redoutent la couronne, et ceux qui l’espèrent. Eh bien, si pour éviter ce dilemme, on décidait de placer la couronne sur la crèche ! Je vous invite à accomplir ce geste dans votre famille, car il dit tout de l’Epiphanie. Placer la couronne sur la crèche permet d’éviter des jalousies certainement, mais cela permet surtout de ne pas nous tromper de roi. Le prophète Isaïe dans la première lecture de ce jour annonce la joie ! Que Jérusalem se réjouisse, sur elle resplendit la gloire du Seigneur. Quel contraste entre l’annonce d’une telle félicité et l’inquiétude qui ronge le cœur du puissant. Où est ta joie Jérusalem ? As-tu oublié l’annonce ? Faut-il que l’étranger vienne d’Orient pour reconnaître en l’enfant le sauveur que tu attendais ?

Après une naissance, humble, presque incognito, vécue plutôt dans la stricte intimité familiale brisée par la visite des bergers, le Sauveur né à Bethléem, reconnu et proclamé par les seuls anges du ciel est aujourd’hui révélé à l’humanité tout entière. Ce qui frappe et qui inspire, dans l’évangile de ce dimanche, c’est le mouvement, la marche, l’audace de quitter son foyer, sa patrie pour s’aventurer à la rencontre de l’inattendu (attendait-on Dieu en un nourrisson si fragile ?) S’attendait-on à un tel déplacement ? Les mages se sont mis en route. La lumière avait déjà déposé dans leur cœur l’étincelle de la foi, ils se sont laissés guider. Le voyage entrepris les a menés aussi loin qu’on peut aller sur la route de la vie : à la rencontre de Dieu. Ils marchent avec leur cœur, guidés non par le désir de savoir mais par la soif de rencontre, d’une rencontre qui change tout.

Rien ne les arrête, rien ne les décourage, rien ne les jette dans le doute : ni l’indifférence du peuple choisi et des docteurs de la Loi, ni les paroles hypocrites d’Hérode, ni même la disparition momentanée de l’étoile. Aussi, leur foi profonde et inébranlable est-elle récompensée : ils trouvent l’Enfant-Dieu, ils lui offrent leurs présents : l’or, l’encens et la myrrhe et lui rendent leurs hommages d’adoration. Nous comprenons évidemment que cette avant-garde des païens venus des lointains de la terre à la rencontre du Roi des juifs a quelque chose de très prophétique. Tout n’est pas accompli, mais le signe est donné : l’enfant qui est né dans la nuit de Bethléem n’est pas venu seulement pour accomplir la promesse faite à Israël, il est venu pour sauver l’humanité tout entière.

La fête de l’Epiphanie que nous célébrons aujourd’hui, vient donner à Noël sa dimension universelle. Le projet de salut de Dieu est sans frontières « toutes les nations sont associées au même héritage, au même corps, au partage de la même promesse ». C’est ce que nous dit Saint Paul dans la deuxième lecture, et nous ne pouvons que nous réjouir, car nous sommes de ceux-là, d’une autre nation que la terre qui a vu naître Jésus, et, sauf exception, nous n’avons pas d’origine juive. Mais parfois, on voudrait déformer ou détourner la parole de Paul et l’on voudrait que l’universalité s’arrête à notre porte ! Mais la venue de Jésus comme Messie et comme Sauveur n’a aucune frontière ni dans le temps ni dans l’espace ; et la convergence des mages vers la crèche en est l’illustration. Les mages qui ne sont sans doute pas juifs se prosternent devant celui qu’ils appellent le roi des juifs, et ainsi de cette façon, ils reconnaissent à la fois l’origine de Jésus, et sa destination ; celle d’être le Seigneur de toute l’humanité. Sachons nous réjouir que le Christ veuille se donner aussi à celui qui m’est différent, et s’il le fait, c’est précisément pour qu’il ne me soit plus indifférent.

Les mages repartent par un autre chemin, comme pour nous indiquer que toute rencontre avec Dieu doit nous conduire à prendre de nouveaux chemins. Chemins de la conviction qu’avec Jésus on ne peut plus ni se perdre, ni douter, ni avoir peur. Les mages nous indiquent la direction à prendre : un chemin autre, un chemin qui nous conduira là où Dieu le voudra. Un chemin pour vivre l’Evangile et le porter à des frères et sœurs en quête de lumière et d’espérance. Peu importe qu’ils soient au seuil de notre maison ou aux extrémités de la terre. Tout homme et toute femme doit se savoir aimé de Dieu, sauvé par Dieu.

C’est devant toi Seigneur, que je me prosterne, et je veux t’offrir ma vie. Roi d’humilité, que ton règne vienne Seigneur, dans ma vie et dans notre monde. Que transformé par ta rencontre, tu donnes à chacun d’emprunter des chemins nouveaux d’humilité et de don de soi.

                                                         Amen.