Par Amos BAMAL

Lc 1,1-4 ;4,14-21

                  « Aujourd’hui s’accomplit ce passage de l’Ecriture ».

Le ministère public de Jésus commence dans l’Evangile selon Saint Luc par cette visite à la synagogue où il va commenter le prophète Isaïe. La Parole de Dieu s’est incarnée en Jésus, elle a pris un corps, elle a pris un cœur et un visage. Le message de salut est livré et confirmé par celui-là même qui est son contenu, Jésus-Christ. Il rend l’Ecriture vivante et vraie « aujourd’hui ». C’est à chacun de nous qu’elle s’adresse aujourd’hui pour que nous témoignions de cette Bonne Nouvelle. Jésus, dans le mystère de son amour infini, vient nous libérer fondamentalement de tout ce qui nous entrave et nous enchaîne. Il se rapproche des pauvres et des pécheurs, guérit les malades, redonne la vue aux aveugles, proclame la Bonne Nouvelle du Royaume. C’est l’aujourd’hui de Dieu. Et la question nous est posée : Est-ce que ce passage d’évangile peut aussi s’accomplir dans notre vie de tous les jours ? Est-ce que l’Esprit Saint peut nous aider à annoncer la Bonne Nouvelle, à visiter les malades et les personnes qui souffrent de solitude, à redonner la vue à ceux et celles qui sont déprimés et découragés ? Que de lieux de tourments, de personnes prisonnières dans le monde. Jésus vient défaire tous ces liens d’esclavage, par sa présence, il nous rend libre.  Voilà ce qu’est l’Evangile selon Saint Luc que nous allons lire et méditer tout au long de cette année liturgique comme une parole adressée à l’Eglise de notre temps. Dans cette année qui commence, la prophétie de la libération, de la délivrance, du salut, ce sont des nouvelles qui nous sont envoyées à nous pour nourrir notre foi et fortifier notre espérance.

Puisque l’Epître aux Corinthiens de Saint Paul dans la deuxième lecture de ce dimanche, est une méditation sur le corps du Christ et ses différents membres, nous sommes appelés, évidemment, à partir de cette lecture, à nous regarder nous-mêmes quelques instants : Dieu nous rassemble aujourd’hui comme un seul corps, et nous invite à essayer de comprendre quelle est la place de chacun dans ce corps.Il y a des places qui sont définies par les fonctions : il y a des apôtres, il y a des prophètes, il y a des docteurs, mais il y a aussi la place qui nous est confiée par notre propre existence de membres du corps du Christ. Chaque membre, chacun et chacune d’entre nous, est différent des autres, par l’âge, par l’expérience, par la culture ; plus radicalement encore, il est différent simplement parce qu’il est unique. Chacune et chacun d’entre nous participe à ce corps en étant lui-même. Le corps ecclésial n’est pas une machine à absorber les individus et à les détruire ; c’est au contraire, une machine destinée à aider chacun à vivre ce qu’il est, ses talents, sa personnalité, sa force, ses dons et ses faiblesses. La bonne nouvelle que Dieu nous annonce, c’est qu’il a besoin de chacun de nous. La tête ne peut pas dire qu’elle n’a pas besoin des pieds, de la main, de l’œil ou de l’oreille. Or, la tête du corps, c’est le Christ. Le Christ ne dit pas : je n’ai pas besoin de toi. Il dit : j’ai besoin de chacun et de chacune. Evidemment, avoir besoin de chacune et de chacun, ce n’est pas vouloir que tout le monde soit pareil et que tout le monde fasse la même chose, mais c’est vouloir que ce que chacun et chacune vit entre dans la communion de l’Esprit pour contribuer à la croissance du corps dans le monde.

Il y en a parmi nous qui sont âgés, fatigués, et qui se disent : « Moi, je ne peux plus faire grand-chose » ; d’autres sont jeunes et pensent : « Moi, je ne suis pas prêt pour faire quelque chose ». Certains ne sont pas complètement formés à la vie chrétienne et se sentent un peu incompétents, ils disent : « Moi, je ne peux pas faire grand-chose ». Il y en a qui n’ont pas beaucoup de temps, il y en a qui se sentent faibles, pécheurs. La bonne nouvelle que Dieu nous annonce, c’est qu’il fait un peuple avec cette congrégation d’éclopés, de gens qui ne sont pas au mieux de leur forme, de gens qui ne sont pas les plus parfaits ni les plus savants. Il fait un peuple avec les pauvres de ce monde. Si, même, j’ai l’impression de ne pas servir à grand-chose dans la vie du monde, alors dans la vie du corps du Christ, je suis quelqu’un dont il a besoin, non pas parce que je peux produire beaucoup de choses, mais parce que je peux contribuer à la force et à la vigueur de la charité du Christ répandue en nos cœurs. Chacune et chacun d’entre nous est appelé à devenir de plus en plus un membre actif de ce corps, non par des actions extraordinaires mais par sa participation régulière, vivante et déterminée à la vie du corps entier.

L’exemple du Christ, dans la synagogue de son village, nous invite aujourd’hui à rendre la Parole de Dieu vivante et vraie dans notre vie de tous les jours. Cette parole devient alors lumière pour nos pas, chemin, vérité et vie. Cette Parole, c’est aujourd’hui qu’elle s’accomplit.

                                                                     Amen.