Par Jean-Claude SERVANTON

Marc 13, 24-32

« Journée mondiale des pauvres. » L’esprit un peu mal tourné, je vois d’abord l’ambiguïté d’une telle journée. Aujourd’hui il y a des journées pour tout : « journée mondiale de la femme » mardi prochain « journée mondiale des droits de l’enfant ». Le 11 novembre a été commémoré non seulement comme l’anniversaire de la fin d’une guerre mais heureusement comme une journée pour la paix. Et après le cours de la vie reprend. Les guerres se poursuivent, des enfants restent en souffrance, des femmes sont encore maltraitées. Et pourtant nous avons besoin de ces journées comme des moments forts, des rappels, des lumières, qui nous appellent à changer.

« Journée mondiale des pauvres. » Jésus nous a avertis : « Des pauvres vous en aurez toujours parmi vous. » Ce ne peut être une invitation à ne rien faire. Leur présence nous révèle que le mal existe, que notre monde est cassé. Comme nous l’a rappelé le Pape François : la dégradation de la planète est liée à la dégradation des relations entre les hommes… La pauvreté et le réchauffement climatique participent des mêmes causes. Des caravanes humaines quittent leur pays pour trouver refuge dans un autre pays où ces hommes espèrent une vie meilleure. Dans le même temps, des incendies et des cyclones ravagent des régions entières.

« Journée mondiale des pauvres ». Ceux-ci dans la misère mettent sous nos yeux une humanité défigurée, ceux-ci mettent sous nos yeux que la vie est un bien précieux. Ils sont à nos frontières, ils sont parmi nous. Ils espèrent encore dans un monde sans espérance, ils tendent encore la main dans un monde où tant de mains se ferment, ils sont en marche pour trouver plus d’humanité. Comme me le disait un moine : « si nous ne les accueillons pas où allons-nous? » Partout où se joue la rencontre, tous disent qu’ils ont plus reçu qu’ils n’ont donné.

« Journée mondiale des pauvres » pour les chrétiens c’est chaque jour, puisque Jésus est du côté des pauvres, non pas contre les riches mais pour que les uns et les autres connaissent le bonheur des pauvres de cœur. Les journées mondiales passeront, Jésus nous redit : « Mes paroles ne passeront pas. » Riches et pauvres, nous sommes en demande d’une parole qui ne passe pas. Comment une parole ne passerait-elle pas? Elle ne passe pas quand elle est portée par la fidélité. Elle prend corps dans l’attention à l’autre de tous les jours. Le Dieu de la Bible est Celui de l’alliance, sa fidélité est un roc, un bouclier. Quand Dieu donne sa parole, Il se donne en Jésus-Christ.

« Journée mondiale des pauvres » oui si elle ne reste pas sans lendemain… demain est ce jour de la reconnaissance du Christ: « j’avais faim… j’étais un étranger… » Nous connaissons la suite.