Par Jean-Claude SERVANTON

Matthieu 28, 16-20,

« Baptisez-les au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit ». Nous connaissons bien cette formule. Elle vaut la peine de se demander ce qu’elle veut dire. Elle nous a marqués pour la vie et au-delà. J’ai eu la joie de célébrer de nombreux baptêmes. Les baptêmes d’adultes dans la nuit de Pâques m’ont impressionné. En vieillissant, je me rends mieux compte de l’originalité de notre foi chrétienne ou mieux de notre vie chrétienne. Et avec le baptême nous sommes à sa source. Au fait, est-ce que vous connaissez la date de votre baptême aussi bien que celle de votre naissance ?

Avant de quitter les siens, Jésus leur ordonne : de toutes les nations, des habitants de toutes les nations, faites des disciples, des disciples comme vous qui m’avez suivi depuis le baptême donné par Jean dans le Jourdain à la croix, jusqu’à la croix et au matin de Pâques, après la résurrection. Ainsi tout commence par une parole, celle de Jésus, il s’exprime par sa parole, ses faits et gestes. Etre disciple c’est faire connaissance avec quelqu’un, le Christ. Les évangélistes nous permettent de suivre Jésus du Jourdain à la croix, à l’entrée du tombeau pour Marc …Les trois autres par le récit de leur repas avec Jésus ressuscité. Pour nous, c’est le temps du catéchisme, du catéchuménat … et ce temps se poursuit toute notre vie. Plus le monde se déchristianise, plus nous sommes amenés à l’essentiel, Jésus le Christ. L’essentiel n’est pas une doctrine, des paroles mais quelqu’un. Comme les témoins de la Pentecôte nous pouvons nous demander : « que devons-nous faire ? »

Il n’est pas demander au disciple de passer un examen mais de se faire baptiser. La vie chrétienne ne se donne pas après un examen par la réception d’un baptême. La promotion chrétienne n’est pas accordée à une élite, à des personnes triées sur le volet, admises à cause de leur savoir, de leurs mérites, de leur origine. Il ne leur est pas demandé de signer un contrat, un engagement. L’extrait de baptême n’est pas un diplôme, il est simplement la preuve, la trace écrite qu’un jour nous avons été baptisés. Que devons nous faire nous qui avons fait connaissance du Christ ? La réponse est toujours la même « convertissez-vous et que chacun de vous se fasse baptiser ».

Nous qui avons été baptisés petit enfant, n’avons-nous donc plus rien à faire ? Si, bien sûr, prendre connaissance de ce qu’a été notre baptême et en tirer les conséquences. Au baptême, nous avons été plongés dans la mort et la résurrection de Christ, comme l’écrit Saint-Paul. En cette fête de la Sainte-Trinité, il m’a semblé que nous pouvions dire que nous avons été immergés dans l’amour mutuel de trois personnes, le Père, le Fils et l’Esprit. La Trinité est un mystère mais c’est un mystère dans lequel nous avons été plongés. Quand on est immergé, on perd un peu ses repères. On est enveloppé, saisi par l’eau. Au baptême, nous avons été saisis par l’amour qui unit le Père, le Fils et l’Esprit. Je comprends cette immersion comme celle de ceux qui s’immergent au milieu d’un peuple. Ils en apprennent la langue, les coutumes, comme Charles de Foucault au milieu des Touaregs. Son immersion le façonne et pour lui en fait le « frère universel ».

Sorti du bain du baptême, nous passons toute notre vie à devenir ce que le baptême nous a fait. Comme chaque jour, on devient un peu plus humain, chaque jour, en observant tout ce que Jésus nous nous a commandé, nous laissons grandir l’amour dans lequel nous avons été plongés.