Par Amos BAMAL

Jean 3, 14-21,

Dieu, riche en miséricorde.

Ce dimanche, le Christ affirme l’amour que Dieu porte à la création et aux êtres humains, mêmes rebelles et infidèles, avec lesquels il fait alliance. Il a été envoyé par le Père par amour, et il a été élevé sur la croix pour que nous obtenions le salut. Pour présenter son propre mystère, Jésus utilise une image très connue de ses interlocuteurs, celle du serpent de bronze. Sur la route de l’Exode, les Hébreux, mordus par des serpents venimeux, avaient été sauvés en portant leur regard sur un serpent de bronze fixé sur un mât par Moïse. Jésus associe son « élévation sur la croix » à ce symbole sauveur, mais, cette fois, pour le don de la vie éternelle. De la même manière qu’il suffisait de lever les yeux avec foi vers le Dieu de l’Alliance pour être guéri physiquement, désormais, il suffit de lever les yeux avec foi vers le Christ en croix pour obtenir la guérison intérieure. Mais en même temps que Jésus fait un rapprochement entre le serpent de bronze élevé dans le désert et sa propre élévation sur la croix, il manifeste le saut formidable entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Jésus accomplit, certes, mais tout en lui prend une nouvelle dimension.

Il veut nous donner la vie. La figure du sacrifice du Christ sur la croix n’est pas une figure de châtiment, mais une figure de réconciliation. Il offre sa vie pour que nous puissions entrer dans la communion avec Dieu. C’est pour cela que le Père l’a envoyé dans le monde, non pas pour le juger, mais pour que le monde soit sauvé par lui. La clef pour obtenir cette vie éternelle ne réside donc pas d’abord dans nos propres efforts, mais en la miséricorde de Jésus qui a accompli le sacrifice suprême pour nous.

Cette miséricorde révélée en plénitude en Jésus-Christ est ce que Dieu autrefois avait déjà manifestée à son peuple au désert en le protégeant contre la morsure des serpents chaque fois qu’il regardait vers le serpent de bronze élevé par Moïse. Miséricorde de Dieu aussi déployée avec éclat quand Dieu décida d’oublier les infidélités de son peuple et de mettre fin à son exil en se servant d’un roi païen, Cyrus, pour mener à bien son plan de salut en faveur de ce peuple à la nuque raide. Cette miséricorde infinie de Dieu, nous la découvrons enfin, à travers le don qu’il nous fait de son Fils bien aimé : « Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle » (Jn 3,16).

Contrairement donc à ce que nous pensons souvent, Dieu n’est pas du tout l’adversaire ou l’ennemi de l’homme ; il ne cherche pas à le piéger où à le prendre en défaut. Dès les origines du monde, Dieu en créant l’homme le veut comme partenaire, fils adoptif, appelé à partager sa vie et sa gloire.

En poussant notre méditation plus à fond, Jésus n’est pas seulement la manifestation de la miséricorde de Dieu pour nous, parce que Dieu nous a choisis comme cohéritiers, partageant avec lui la gloire de son Père. En Jésus nous faisons aussi l’expérience de la miséricorde de Dieu parce que grâce à sa mort sur la croix nos péchés ont été pardonnés et nous avons part à sa résurrection, lui qui nous fait passer de la mort à la vie, en attendant de nous asseoir à ses côtés dans le Royaume des cieux.

En ce quatrième dimanche de carême année, les yeux fixés sur Jésus-Christ nous sommes tous appelés à grandir dans le salut que Dieu a offert en ce Fils. En contemplant la miséricorde infinie de Dieu, il s’agit de renoncer à notre ingratitude et à notre infidélité à son égard pour nous laisser résolument attirer vers lui. Ce qui suppose non seulement de rompre avec toute forme de péché en nos vies mais aussi de nous appliquer à faire le bien : seul signe crédible que Dieu nous a effectivement sauvés et libérés de la puissance du mal.

Amen.