Par Amos BAMAL

Matthieu 2, 1-12

Se mettre en marche avec le Messie.

Même sans avoir fait du grec, nous savons tous que le mot « épiphanie » signifie « manifestation ». Après une naissance humble, presque incognito, vécue plutôt dans la stricte intimité familiale brisée par la visite des bergers, le Sauveur né à Bethléem, reconnu et proclamé par les seuls anges du ciel est aujourd’hui révélé à l’humanité tout entière. Lors de la naissance de notre Sauveur, les juifs furent, appelés à le connaître, dans la personne des bergers. Aujourd’hui Dieu appelle les étrangers, les païens, dans la personne des mages. Ces derniers reconnaissent le signe du Messie dont ils ont entendu parler. Ils reconnaissent ce signe, parce que Dieu leur en donne l’intelligence, par des grâces particulières. Aussitôt, ils se mettent en route, quittent leur foyer et leur patrie, sans savoir quel sera le terme de leur voyage, sans s’inquiéter de la fatigue et des dangers d’un tel itinéraire. Rien ne les arrête, rien ne les décourage, rien ne les jette dans le doute : ni l’indifférence du peuple choisi et des docteurs de la Loi, ni les paroles hypocrites d’Hérode, ni même la disparition momentanée de l’étoile. Aussi, leur foi profonde et inébranlable est-elle récompensée : ils trouvent l’Enfant-Dieu, ils lui offrent leurs présents : l’or, l’encens et la myrrhe et lui rendent leurs hommages d’adoration. Eclairé par ce symbolisme, Jésus-Emmanuel, Dieu avec nous vient donc à la rencontre de tous les hommes sans aucune exception. Il vient rassembler et réconcilier avec son père tous les hommes de toutes les nations et de tous les pays. Le prophète Isaïe l’avait déjà annoncé longtemps à l’avance en parlant des nations qui marchent vers Jérusalem devenue la lumière du monde à cause justement de l’avènement de Jésus en son sein et dans son histoire : « Debout, Jérusalem ! Resplendis : elle est venue, ta lumière, et la gloire du Seigneur s’est levée sur toi » (Is 60,1). A son tour, l’apôtre Paul nous fait entrer en profondeur dans la fête de l’Epiphanie en précisant l’ampleur de la mission du Christ dans le monde. Au-delà d’Israël, premier peuple auquel Dieu a manifesté sa tendresse et son amour, ce sont finalement tous les païens que Dieu par son Fils veut associer aux promesses de bonheur et de prospérité faites à Israël. Par la prédication et l’accueil de l’Evangile, ce sont tous les peuples de la terre qui sont appelés à constituer un seul peuple, une seule famille, formant ainsi le corps mystique du Christ.

En célébrant aujourd’hui la fête de la manifestation du Christ-Sauveur à tous les peuples du monde, la question fondamentale que nous devons nous poser est de savoir comment assumons-nous cette universalité du salut dans notre vécu quotidien ? Sommes-nous suffisamment conscients que le Christ est venu rassembler tous les hommes en un seul peuple, en un seul corps, en une seule famille ? Depuis ce jour, le mystère de l’Epiphanie du Sauveur qui se fait connaître, se renouvelle dans le monde entier. Ce n’est donc pas seulement un souvenir du passé que nous célébrons. C’est encore et surtout le mystère lui-même qui se perpétue à l’égard de toutes les âmes que Dieu appelle à lui, par un signe ou par un autre, et qu’il éclaire et attire par sa grâce. C’est le mystère qui s’est réalisé pour chacun de nous…Ce jour doit donc être pour nous un jour de reconnaissance envers Dieu, qui s’est fait connaître à nous, nous a attiré à lui, nous a donné la foi. Que d’étoiles il nous a fait lever sur nos chemins ! …mais les avons-nous toujours suivies ? Peut-être pas assez !

Prenons l’exemple sur les mages. Comme nous l’avons vu, rien n’a pu réussir à ébranler leur foi. Que la prospérité, le bonheur, la santé, pas plus que l’adversité, la maladie, les événements fâcheux, ou l’indifférence qui règne autour de nous, ne puisse nous égarer et nous faire abandonner notre foi, ni seulement l’affaiblir. En ce dimanche de l’Epiphanie, nous sommes appelés à prendre les mages pour modèle. Quand nous avons rencontré le Christ, nous devons tout lui donner : d’abord notre vie, puis nos présents. Enfin, il faut rentrer par un autre chemin, celui de la conviction qu’avec Jésus on ne peut plus ni se perdre, ni douter, ni avoir peur.

Amen.