Rester Vivant
Télécharger le Kaléidoscope n°129 d’avril 2021
Par Eric de NATTES
Frères et sœurs, nous nous adaptons envers et contre tout. Cette Semaine Sainte que nous n’avons pas pu vivre l’année dernière, nous allons pouvoir la célébrer, nous l’espérons, même si tout est compliqué par les contraintes sanitaires. Regardez bien les horaires et les lieux pour chaque jour. Je suis malheureusement obligé de vous dire que la célébration de la vigile de Pâques, samedi après-midi, est déjà complète. Si l’on m’avait dit qu’un jour, nos églises ne seraient pas assez grandes… Essayez de vous inscrire pour le dimanche de Pâques. Merci à tous pour les efforts que vous consentez. Notre communion dépasse le temps et l’espace même si je sais bien que nous avons un corps et que nous avons besoin de ‘’faire corps’’, plus encore dans ces jours difficiles.
Nous allons revivre ce Triduum qui est le cœur de notre foi. Alors que les ténèbres se répandent et semblent tout dominer, dans l’échec, dans la déroute, à vues humaines, Jésus va montrer à ses disciples ce que veut dire ‘’rester vivant’’, ne pas plier contre les puissances de mort. Rester libre et digne en entrant dans le don jusqu’au bout, sans être contaminé par la haine : « ma vie, nul ne la prend, c’est moi qui la donne ». « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, mais bien plutôt ceux qui tuent l’esprit ». Sinon ils auraient triomphé, ceux qui vous auront convaincu que la mort est la fin de tout. N’est-elle pas un terme qui appelle au renouvellement de la vie ? La foi nue se dévoile sur la Croix, dans l’angoisse et le tourment : « Père en tes mains, je remets mon esprit ». Je crois qu’un amour m’attend, plus fort que la mort. Je m’en remets à un autre.
Nous allons revivre le repas pascal, disciples d’aujourd’hui entourant le maître, le Seigneur. La nourriture, c’est la vie elle-même, offerte : « je n’avais ni offrande ni holocaustes mais Tu m’as fait un corps alors j’ai dit, voici, je viens ! » Puis nous allons plonger au cœur des ténèbres, le Vendredi Saint. Rabaissé au rang des malfaiteurs, il expira. Le cœur lourd, dans le silence du deuil, nous entrerons dans notre église, comme les femmes montant au tombeau. La présence s’est éteinte. Ne nous reste-t-il plus qu’à honorer un corps mort ? À l’entourer de notre affection par les rites funéraires ? Alors commence l’expérience pascale. Un tombeau vide ! La stupeur. Et l’annonce à peine audible : « Il est vivant ! » « Comme votre cœur est lent à croire. » L’aventure chrétienne commence. Il est avec nous, sur nos chemins d’humanité, son esprit répandu en toute chair. « Ô toi qui dors, éveille-toi, le jour a brillé, d’entre les morts, relève-toi, sois illuminé », chantaient les premiers chrétiens. Joie de vivre ce sommet de notre vie liturgique, de notre foi, avec nos catéchumènes cette année. Que Dieu achève en elle ce qu’il a commencé !
Ensemble, dans l’obscurité de ce temps, une fois encore nous laisserons jaillir nos « Alléluias » et nous répéterons émerveillés l’annonce pascale : Christ est ressuscité comme il l’avait promis, il nous précède en Galilée, à Bron, partout sur notre terre et jusqu’à la fin des temps !