>> Téléchargez le Kaléidoscope n°126 de janvier 2021

par Eric de NATTES

Si peu d’entre nous regretteront l’année 2020, il semble hasardeux de faire des pronostics pour celle qui s’engage. Même si une vaccination massive donne quelques espoirs, nous voyons aussi l’ombre de la pauvreté gagner du terrain, le spectre d’un chômage étendu s’annoncer, une crise sociale qui pourrait se profiler et une dette de plus en plus grande peser sur les générations qui viennent.

Qui pourrait douter que 2021 n’apporte son lot de contraintes et d’épreuves ?

Et pourtant, si le 1er janvier n’est qu’une date qui s’est peu à peu imposée en occident pour échanger nos vœux et se souhaiter une bonne année, alors qu’on aurait pu lui préférer légitimement l’arrivée du printemps, essayons d’y voir un symbole. Alors qu’il fait froid, que la grisaille domine la lumière des jours encore bien modeste au regard de la longueur des nuits, alors que les fêtes sont passées, c’est donc au plus profond de nous-mêmes qu’il nous faut aller recueillir la ‘’petite lumière espérance’’, celle qui entraîne la foi et la charité. Puisque nos yeux de chair regardent un spectacle qui engage peu à l’enthousiasme, c’est donc un autre regard qui doit scruter ce qui renaît doucement, ce qu’il faut accueillir et laisser croître en nous et autour de nous, dans l’humanité.

L’image, lors du dimanche de la Sainte Famille, du vieux Syméon prenant l’enfant dans ses bras et chantant l’Éternel pour le don qu’il lui avait fait ne m’a pas quitté. Ce qui nous fait vraiment vivre – l’amitié ; l’amour ; la fécondité de nos existences ; l’accueil de l’autre, de chacun, dans la fraternité – tout cela nous est au fond donné, encore faut-il savoir l’accueillir, ne pas le repousser, savoir nous en réjouir et dire merci. C’est aussi ce qui est fragile et qui demande le consentement de chacun pour que cela grandisse et devienne ‘’arbre de vie’’. Syméon n’a qu’un enfant dans ses bras, mais il chante le Salut de tous par l’amour sans limite de Dieu… Un autre regard ! Syméon peut s’en aller, ce n’est plus un drame : s’en aller dans la paix. Habite au fond de lui désormais une lumière qui éclaire la brièveté de toute chose et les épreuves traversées. Il part vers une rencontre.

Alors je souhaite que cette année 2021 soit une invitation pressante à être au plus proche les uns des autres, avec respect et bienveillance, et, de cette façon, à être au plus près du Christ lui-même. Savoir regarder comment Dieu fait grâce en moi et en l’autre, comment son amour se déploie pour sauver l’un et l’autre. Et recueillir tout cela comme le trésor qui fait chanter à chacun son magnificat alors que le jour baisse. Nul doute que nous méditerons ensemble la lettre que nous a adressée François sur la Fraternité.

Bonne Année, frères et sœurs !