Fin d’année liturgique et temps de l’Avent

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Par Eric de NATTES

Les textes de la fin d’année liturgique nous parlaient de l’ultime, de la fin, de ce qui sera retenu d’une vie, de ce qui est vraiment vivant et de ce qui mourra, de ce qui est en Dieu et de ce qui n’est que paille, voué au feu… et souvent, c’est le style apocalyptique qui accompagne ces réflexions. On pourrait penser que l’apocalypse, c’est jouer à se faire peur avec des images terrifiantes. N’oublions pas qu’apocalypse veut dire ‘’lever le voile’’, ‘’dévoiler’’. Et qui pourra nier qu’une épreuve, une crise, dévoile les personnalités, met en lumière les fractures, fait éclater les fragilités au grand jour, les injustices aberrantes, etc… Tout ce qui habituellement peut être recouvert ou voilé avec plus ou moins de succès lorsque tout semble tourner rond. Faut-il énumérer dans notre économie, la répartition des richesses, l’accès au soin, les barrières sociales, tout ce que notre temps d’épreuve met en exergue ? Au sein de notre Église catholique il n’est qu’à regarder les débats très vifs autour de la célébration de la messe. Ceux qui la défendent envers et contre tout, se demandant ce qui restera de nous si l’on désespère même ceux qui viennent pratiquer le dimanche… un humanisme qui se passe très bien de toute pratique religieuse ? Ceux qui disent que la pratique sacramentelle n’est pas un absolu mais qu’elle renvoie chacun à la vérité évangélique de sa vie, à une vie spirituelle personnelle, et qu’on peut s’en passer pour un temps sans hurler au loup.

La particularité de l’apocalypse chrétienne c’est que si elle ne s’illusionne pas sur la puissance des forces du mal, de division, elle n’en parle pas pour effrayer mais pour préparer et laisser entrevoir un horizon qui n’appartient pas à la mort, au néant, mais à la vie toujours ressuscitée.

Et c’est alors que nous entrons dans le temps de l’Avent. Pas la commémoration d’un fait du passé, mais la naissance de ce qui advient, de ce qui est au-devant de nous. C’est le temps de l’Espérance. Pas de l’illusion ! L’illusion ne veut pas voir le réel et se fabrique des chimères, des rêves pour se consoler dans la fuite. L’espérance voit l’épreuve et ne la contourne pas, mais elle refuse de tourner en boucle sur elle et d’ajouter sa lamentation aux gémissements. Ce regard ne s’impose pas naturellement, il n’est pas qu’une question de tempérament, il est aussi un choix spirituel face à l’adversité. Alors Isaïe, Marie, le Baptiste nous accompagneront dans notre méditation sur notre propre espérance durant ces 4 semaines. Je pense aux mots de Péguy en ces temps, à la naissance de la petite fille Espérance au jour de Noël, elle qui va entraîner dans son sillage la foi et la charité. Bon temps de l’Avent, frères et sœurs.