Par Christian DELORME

Télécharger le Kaléidoscope n°149 d’avril 2023

C’est une semaine vraiment singulière que cette « Semaine Sainte » que nous sommes appelés à vivre avec ferveur aux premiers jours de ce mois d’avril. Sur un temps très court, en effet, nous sommes conduits à nous associer à la Passion du Christ Jésus, à communier aux affres de son martyre, puis à nous réjouir de sa victoire sur la mort.

La Passion du Christ nous touche, non seulement parce que nous réalisons avec elle l’amour extrême dont celui-ci nous a aimés, mais aussi parce qu’elle ne constitue pas un événement extérieur à notre existence. Car nous aussi nous souffrons (à des degrés différents, bien entendu) ; nous aussi, la mort nous guette et nous attend. Surtout, le calvaire de Jésus se reproduit sans cesse dans la vie du monde, à l’encontre de tant de nos sœurs et frères humains torturés, abusés, massacrés, niés dans leur dignité. Les différentes scènes de la Passion nous rappellent les dures réalités du monde ; elles nous rendent davantage proches, autant les souffrances subies par le Christ que les violences faites à tant de nos contemporains. Ainsi, quand nous disons, à l’occasion de la Semaine Sainte, que « nous mourons avec le Christ », il ne s’agit pas d’une figure de style littéraire ou d’une formule théologique. Le Christ lui-même aura voulu – et veut – nous associer à sa mort, en particulier pour que nous apprenions nous aussi à mourir. Car mourir, comme tout ce qui fait le vécu d’un être humain, s’apprend. S’accepter mortel ne va pas de soi, surtout dans notre société privilégiée où l’espérance de vie tend, de plus en plus, vers les cent ans. Et consentir à mourir, ne serait-ce que pour laisser la place aux générations suivantes et ne pas grever davantage notre système de retraite et notre système de sécurité sociale, s’avère également de plus en plus difficile !

De même, ressusciter s’apprend ! C’est un exercice de tous les jours ! En réalité, une fois devenus adultes, nous commençons à mourir tous les jours un peu (par notre vieillissement physique et cérébral, par les différentes pertes que nous subissons, par les échecs que nous rencontrons dans nos projets et initiatives, par l’épreuve des maladies et des deuils…). Et c’est tous les jours, aussi, qu’il nous faut réagir en nous inscrivant dans une dynamique de résurrection. Car la Résurrection n’est pas un état final : elle sera l’éclosion de toutes nos victoires sur le mal, l’épanouissement de tous nos actes d’amour. Christ est ressuscité, car il ne fut qu’Amour. Et il veut nous entraîner chaque jour dans sa Résurrection, clé de la Vie éternelle, en nous proposant le chemin de l’Amour.