par Jean-Pierre GILNET

Luc, 2, 16-21

Frères et Sœurs,

Voici un nouveau jour, un nouveau mois, une nouvelle année qui commence !

Aujourd’hui, nous sommes le premier janvier 2023. Les velléités coutumières m’obligent à vous dire : « Bonne et Heureuse année 2023 ». Je voudrais parodier le psalmiste en disant « voici le jour que fit le Seigneur, qu’il soit pour nous tous, jour de fête et de joie » (Ps 118, 24). Mais, je préfère vous saluer avec la bénédiction d’Aaron : « Que le Seigneur tourne vers vous son visage, qu’il vous apporte la paix » (Nb 6, 22-27). Oui, le premier jour de l’an est un jour tout à fait spécial. Chronologiquement tout le monde grandit, votre âge augmente. Le Nouvel an, dans la quasi-totalité des pays est une période de réjouissance, d’échange de cadeaux et des vœux ! Mais, c’est surtout un jour où tous les parents peuvent bénir leurs enfants (1e L.et Ps 66).

Sur le plan spirituel et ecclésiologique, tous les premier janvier de chaque année, l’Eglise célèbre la très Sainte Vierge Marie sous le vocable « Theotokos », c’est-a-dire, « Mère de Dieu ». Marie est non seulement la mère de Dieu, mais aussi et surtout la mère de l’Eglise et la mère des chrétiens. Pourquoi une telle affirmation ?

Nous disons que Marie est la « Mère de Dieu » parce que la deuxième lecture du jour nous le dit clairement : « Quand vint la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d’une femme, né sujet de la loi, afin de racheter les sujets de la foi, afin de nous conférer l’adoption filiale » (Ga 4, 4). Saint Paul nous montre d’où vient la maternité de Jésus. Marie, c’est la « gratia pleina ». Elle a trouvé grâce au prés de Dieu. Sur elle, Dieu avait jeté son dévolu parce qu’elle avait les qualités requises et toutes les conditions étaient réunies pour remplir cette mission selon l’annonce de l’Ange Gabriel : « …Réjouis-toi Marie, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi… Sois sans crainte, Marie car tu as trouvé grâce auprès de Dieu » (Lc 1,  26-30). Et, aux différentes interrogations de Marie, l’Ange Gabriel lui donne cette assurance : « L’Esprit Saint viendra sur toi, et la puissance du Très-Haut te prendra sous son ombre ; c’est pourquoi l’être saint qui naîtra, sera appelé Fils de Dieu » (Lc 1, 35). Celui qui vient de naître est issu  de Dieu, il était auprès de Lui avant que le monde fut créé et il est Dieu. C’est ce que Saint Jean explique dans le prologue de son Evangile. Donc, sans aucun doute, Marie est la mère de Dieu.

Le dogme Sainte Marie Mère de Dieu a été confirmé au « Concile d’Ephèse » par le Magistère de l’Eglise. C’est vrai que Marie est une créature humaine, mais Jésus son Fils est une créature divine, le Fils éternel de Dieu. Jésus est vrai Dieu, né de Dieu, mais aussi vrai homme, né d’une femme. Donc, Marie est la mère de Dieu. C’est cette solennité que nous célébrons, huit (8) jours après Noël. En fait, par rapprochement, Marie est la mère de l’Eglise et aussi la mère des chrétiens. Pour quelles raisons ?

Nous disons que Marie est mère de l’Eglise parce que Bossuet nous le dit dans l’une de ses plus belles définitions : « L’Eglise, c’est Jésus-Christ, mais Jésus-Christ répandu et communiqué »[1]. Or, Jésus est le véritable fondateur de son Eglise et il a désigné lui-même Pierre comme le premier Pape de cette Eglise : « Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon église… » (Mt 16, 18-19). Comprenons que Marie ne peut ne pas être la mère de cette belle œuvre fondée par son fils. Et, tous ceux qui agissent dans cette église en particulier les ministres ordonnés, ils agissent « In personna christi capitis », en la personne de Jésus chef-tête de son Eglise. Le soir de la dernière Cène, Jésus les confia la mission de le rendre présent dans son église : « Faites ceci en mémoire de moi ». Avant de rendre son dernier souffle, Jésus demandait l’apôtre et évangéliste Jean d’accueillir chez lui Marie, sa mère : « Femme, voici ton fils » et « Jean, voici ta mère » (Jn19, 26-27). Ainsi, la figure de Jean (disciple bien-aimé) symbolise la chrétienté dans son ensemble et la figure de Marie symbolise la maternité universelle. Voila pourquoi nous attestons que Marie est la mère de l’Eglise et la mère de tous les chrétiens.

Sur le plan social et politique, aujourd’hui, nous célébrons aussi la journée mondiale de la prière pour la paix dans le monde. De nos jours, la peur prend le dessus de la paix. Nous chantons toujours, Que la paix soit sur le monde et…. Mais, cette paix reste une illusion. Tant que les usines de fabrication d’arme à feu existe ; tant que les grandes nations veulent toujours garder leur hégémonie sur les pays non-développés ou en voie de développement, nous n’aurons pas la paix véritable. D’ailleurs, les conventions, les accords, les ententes et les traités sont multiples à être signés sans un vrai résultat. Partout c’est la guerre et les gens meurent. On se demande jusques à quand le monde connaîtra des jours de paix et une tranquillité d’esprit. Très souvent, nous sommes troublés par la peur. Nous avons besoin d’une paix intérieure. Que Jésus, le Prince de la paix, par son incarnation établisse un règne de paix au milieu de nous. Dans sa mission sur la terre, Jésus a prôné la paix et il donnait sa paix. Aux disciples d’Emmaüs, aux apôtres réunis au Cénacle et partout la peur régnait Jésus disait « la paix soit avec vous ». Dans son message pour la 50e journée mondiale de la paix en 2018,  le Pape François prône la non-violence et nous exhorte à être des artisans de paix. Cette année, le Saint Père nous invite « à tirer des leçons » de ce temps post-covid et en faire une occasion de reconstruction du tissus social et de la relance économique plutôt que de s’adonner à des guerres meurtrières.  Saint Paul utilise cette formule de salutation de Jésus dans la majorité de ses lettres en invitant les communautés chrétiennes à vivre dans la paix. De nos jours, à l’ouverture de toutes les célébrations liturgiques, les évêques saluent l’assemblée avec cette formule : « La Paix soit avec vous ». Puisse que les grands décideurs de ce monde s’entendent pour restaurer un climat de paix.

Bonne année et bon courage ! Shalom ! Amen 

[1] Bossuet, pensées chrétiennes et morales