Par Jean-Pierre Gilnet

Matthieu 11, 2–11

Le Seigneur vient bientôt ! Soyez prêts pour l’accueillir dans la joie !

Frères et Sœurs,

Nous poursuivons notre marche vers Noel. Nous voici parvenus au troisième dimanche du temps de l’Avent de l’année liturgique A. Nous mettrons l’accent sur deux choses : la première vient comme un rappel liturgique pour la fortification de notre foi et la seconde sera un commentaire méditatif des textes liturgiques qui sont proposés à notre méditation.

Le 3e dimanche de l’Avent dénote une connotation toute particulière dans la liturgie. C’est la « Gaudete », un mot latin qui se dit en français « Réjouissance, Allégresse, joie… ». Généralement, le temps de l’Avent est un temps sombre comme le temps de Carême. Mais, le temps de Noel est un temps de réjouissance, de joie et d’allégresse. Voila pourquoi, la liturgie du troisieme dimanche de l’Avent nous prépare déjà à rentrer dans la joie de Noel qui approche. L’antienne d’ouverture de la liturgie fait injonction à cette joie : « Soyez dans la joie du Seigneur je le redis : soyez dans la joie. Le Seigneur est proche » (Ph 4, 4-5). C’est une invitation à sortir un peu de la sobriété du temps de l’Avent en éprouvant une certaine joie dans le Seigneur qui vient bientôt. La collecte (prière d’ouverture de la messe) termine avec cette exhortation à la joie : «… Accorde nous de parvenir au bonheur d’un tel salut, et de le célébrer solennellement avec une joie toujours nouvelle ».   Le Prophète Isaïe, dans la première lecture du jour, annonce un lieur d’espoir et ranime toute l’espérance d’Israël en utilisant des expressions assez remarquables dans la réalité du peuple : « le pays fleurira comme la rosée … la bouche du muet criera de joie ». Et, la source de cette joie c’est la Parole de Dieu. Car, l’écoute et la méditation quotidienne de la parole de Dieu nous rend joyeux. C’est probablement ce que le Pape François a compris parce qu’au tout début de son pontificat, le 24 novembre 2013, il à écrit sa première lettre d’exhortation apostolique « Evangelii Gaudium », la joie de l’Evangile. Au sens du Saint Père, celui qui veut être toujours joyeux doit méditer jour et nuit la parole de Dieu. Voila un secret spirituel !

Si la figure dominante de l’Evangile du premier dimanche de l’Avent était Jésus, le deuxième et le troisième dimanche de l’Avent, la figure emblématique c’est Jean Baptiste. Saint Mathieu nous dit que personne ne s’est levé de plus grand que Jean Baptiste (cf Mt 11, 11).  Il est intéressant de rappeler que Saint Mathieu, dans le déroulement de son Evangile, parle quatre fois de Jean Baptiste par rapport à Jésus : – La prédication et le baptême de Jésus (Mt 3,1-17) ; – L’arrestation de Jean Baptiste et le début de la prédication de Jésus (Mt , 12) ; – L’interrogation réciproque de Jean sur Jésus et de Jésus sur Jean (Mt 11, 2-18) ; – La mort de Jean et le ministère de Jésus (Mt 14, 1-13).   La péricope évangélique (Mt 11, 2-11)  du 3e dimanche de l’Avent attire notre attention sur un événement retentissant qui ne doit pas nous laisser indifférent. Cet événement met en scène d’une part, la prédication et les œuvres éblouissantes de Jésus ; d’autre part le doute de Jean Baptiste sur Jésus et sa quête de clarté sur l’identité de Jésus.

De sa prison, à Machéronte, Jean Baptiste est informée des œuvres éclatantes et émouvantes de Jésus. Il s’informe de ce qui se passe en son absence et se qui se passe ne lui laisse pas indifférent. Il n’y a de pire chose que de vivre avec des gens indifférents. Le Pape François, le 08 janvier 2019 à Sainte Marthe, dénonce cette culture de l’indifférence qui va à l’encontre de l’amour de Dieu. Cela doit nous interpeller. Est-ce que nous sommes indifférents à l’annonce de la Parole de Dieu ? De même que Dieu n’a pas de frontière, c’est ainsi que sa Parole n’a pas de barrière et pareil pour ses serviteurs dans l’annonce de sa Parole. Pour Jean Baptiste, la prison ne représente pas une barrière qui l’empêche d’être en contact avec Dieu et l’annonce de sa Parole. Toutefois, pour se rassurer sur l’identité de Jésus et dissiper son doute, il a diligenté une enquête par le biais de ses disciples. Il est aussi étonnant de voir, à la question des disciples de Jean, Jésus ne les donne pas une réponse toute faite. Il les invite à la contemplation de ses actions et les invite au témoignage de ce qu’ils ont vu, entendu et vécu : « …Les aveugles voient, les boiteux marchent, les morts ressuscitent, les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle…. » (Mt 11, 5).

Comme Jean Baptiste, nous sommes parfois dans le doute, nous sommes troublés, il nous est conseiller d’aller à la vraie source (la Parole) pour puiser la force nécessaire. Aussi, comme Jésus en vrai pédagogue, oriente et aide les autres à subvenir à leur besoin de par eux-mêmes. De ce fait, il est possible de se recourir et de prendre au sérieux le proverbe de Confucius (philosophe chinois) qui soutient : « Quand un homme a faim, mieux vaut lui apprendre a pêcher que lui donner un poisson ». L’attitude de Jean Baptiste nous apprend aussi que dans notre vie, il nous arrive parfois ne pas reconnaître ou sentir la présence de Dieu. Pourtant, nous le cherchons là où il n’est pas. Il faut savoir chercher au bon endroit, Jésus, le déjà là et le n’est pas encore. Amen