par Lys Mokoko

Jean, 8 ,1-11

 « Va, et désormais ne pèche plus »

Chers frères et sœurs,

Les lectures bibliques de ce dimanche constituent une nouvelle clé spirituelle qui nous aide à mieux cheminer vers le mystère pascal : Jésus est le visage d’une miséricorde libératrice ; il est venu libérer les humains du juridisme et du liturgisme religieux creux et esclavagisant ; Jésus révèle le visage de la justice céleste qui va réhabiliter et restaurer la vie brisée de la ‘’femme adultère’’ victime d’une justice inintelligente et inhumaine des scribes et pharisiens. Cette femme est victime des dérives d’une société fortement patriacalisée prônant des conceptions dénigrantes et infériosantes envers la femme. Ses accusateurs sont des scribes et des pharisiens, des experts de la loi de Moïse, des personnes reconnues pour leur ferveur religieuse hypocrite ; ces accusateurs s’érigent en juge grossiers des autres ; ils étaient au service d’une justice taillée sur mesure et instrumentalisée. Respirant la haine et le dénigrement, ils forment une confrérie dangereuse voulant à tout prix l’élimination systématique de cette pauvre femme sans défense. Mais leur propre manœuvre et intention de nuisance se retournent contre eux : Jésus ouvre un nouveau procès, celui des accusateurs en leur disant : “Que celui d’entre vous qui est sans péché lui jette la première pierre.” Et voilà que chacun est renvoyé à sa propre conscience et en face de son propre péché. Oui, devant Dieu, personne n’est sans péché, tous, nous sommes faits de chair et de sang. D’une manière ou d’une autre, nous sommes tous coupables et pécheurs chacun selon le poids de son histoire. Jésus rappelle à ces accusateurs véreux qui jouent aux purs, qu’ici sur terre, personne n’est pur, et se croire pur est une pure illusion. En réhabilitant cette femmes, Jésus ne canonise pas le laxisme ou le péché, mais il nous montre qu’il a toujours un regard divin et confiant qui redonne aux humains un nouveau chemin de réconciliation, qui ouvre aux horizons nouveaux. Jésus se révèle être le reconstructeur des vies brisées par les lois et coutumes injustes. Pour Jésus, ce qui est essentiel, ce n’est pas le chapelet de condamnation que nous adressons aux autres, mais se mettre et se regarder devant ses propres manquements ; concrètement, pour Jésus avant de chercher l’impureté dans la vie des autres, regardons d’abord notre propre vie ; avant de faire une litanie de leçons aux autres, nous avons besoin d’enlever la poutre qui est dans notre œil. Cette poutre, c’est l’orgueil, la haine et le mépris à l’égard de ceux qui ont fauté. Tout cela nous empêche d’accueillir l’amour qui est en Dieu. Nous ne devons jamais oublier que le Christ est venu chercher et sauver tous les pécheurs, même ceux qui ont commis le pire. Il veut nous ouvrir à tous un chemin d’espérance ; à tous il dit ce matin :« va, et désormais fait attention de ne pas t’engloutir dans le péché ». Malgré nos fautes, Jésus fait confiance, il accompagne et veut nous sauver. Telle est la beauté et la joie d’être chrétien.

En ce jour, nous sommes venus à Jésus avec le désir d’accueillir sa parole et de nous laisser transformer par elle parce qu’avec Jésus, nous « oublions ce qui est en arrière pour se lancer vers l’avant » comme le dit l’apôtre Paul. Il peut changer nos cœurs de pierre en cœurs de chair. C’est avec lui que nous trouverons la joie de compatir, d’aider, de soutenir, de consoler et d’aimer. Que sa Parole soit lumière pour notre monde et que son amour apaise ceux qui souffrent et qui sont condamnés injustement à travers la planète. Amen