Luc 4,1-13

par Lys Mokoko

Les tentations de Jésus : Nos tentations

Mes chers frères et sœurs,

En ce premier dimanche de carême, la parole de Dieu nous introduit au cœur des tentations de notre Seigneur Jésus-Christ tenté par le démon au désert. Jésus, conduit au désert par la puissance du Saint Esprit, fait face aux forces du mal après 40 jours de famine. Oui, au long des âges et des époques, les sages, les poètes, les savants, les théologiens et les scientifiques se sont investis sérieusement dans cette question du démon, d’autres ont nié son existence, d’autres en reconnaissent. Bref, que nous croyons ou pas à l’existence du démon, une seule chose est sûre : chacun, d’une manière ou d’une autre fait l’expérience des forces du mal parce que nous ne pouvons pas réduire Satan à une réalité simplement mythique ou imaginaire. Mais en se situant du côté de la parole de Dieu de ce jour, nous voyons clairement que le malin existe et qu’il a tenté notre Seigneur Jésus. Donc, le mystère du mal, que personne n’épuise le sens et la compréhension, est bel et bien là en nous, autour de nous et au cœur de notre société.

Le Saint-Esprit nous rejoint dans nos déserts intérieurs non pas pour tout comprendre sur le mystère du mal, mais pour savoir compter sur le mystère de la présence protectrice et agissante de Dieu. Notre Seigneur Jésus affronte avec foi et espérance les stratégies sataniques et diaboliques en montrant par là qu’il est possible de vaincre le royaume du mal. Oui, Jésus a été tenté, et ses tentations sont aussi nos tentations parce que le chemin du maitre est aussi celui du disciple. En effet, la tentation n’est pas un péché, mais un réel lieu de choix et de détermination de notre liberté, c’est-à-dire lorsqu’elle arrive, quel choix opéré : un choix juste, vrai, bon, ou mauvais. Très souvent, devant les tentations, nous perdons nos forces, notre courage, on se trouve assiégé et dominé. Oui, les tentations de Jésus au désert résument toutes les tentations que nous pouvons connaitre, ce sont les tentations des humains de tous les temps et de toutes les générations : tentation de l’avoir ; du pouvoir ; de la gloire et du valoir. Comme on le voit, la première tentation est économique (l’avoir) :« si tu es fils de Dieu, ordonne à cette pierre de devenir du pain ». C’est la tentation du vivre pour soi, du confort pour soi, du bien être pour soi. A cette tentation Jésus répond formellement sans détour et avec précision : « l’homme ne vit pas seulement de pain ». La précision de Jésus est importante, il n’est pas contre nos besoins vitaux, mais il ne faut que ces besoins nous emprisonnent à la périphérie de nous-mêmes, nous aveuglent et nous rendent incapables de se connecter à la parole de Dieu ; la deuxième tentation est politique (pouvoir) : « Je te donnerai tout ce pouvoir et la gloire de la terre ». Il s’agit ici de la tentation de domination, du toujours plus, du profit, de la renommée, des applaudissements, de la gloriole, des ambitions démesurées. Il nous arrive parfois de pactiser avec le malin pour acquérir un tel pouvoir et nous perdons par là notre identité de fils et filles de Dieu. La troisième tentation est celle du valoir, elle n’est que la conséquence logique des deux premières tentations :« si tu es fils de Dieu jette-toi en bas… », à cette tentation Jésus répond : « tu ne mettras pas à l’épreuve le Seigneur ton Dieu ». Il s’agit ici de la tentation de vouloir manipuler Dieu oubliant que Dieu est Dieu, et par conséquent, nous ne possédons pas Dieu dans nos poches, il n’est pas téléguidable, il ne marche non plus selon nos maigres et pauvres imaginations et caprices. Cette tentation nous invite à ne pas tailler Dieu selon nos goûts et nos appétits égoïstes.

Oui, c’est trois tentations sont là, à la porte de nos esprits et nos vies. Il suffit qu’au nom de ma liberté, que je me laisse séduire par l’une d’entre elles, alors elles s’installent en moi, me dévorent et me rongent. Donc, comme chrétiens, nous ne sommes pas dédouanés des tentations et chacun peut faire le chapelet des tentations qu’il traverse au quotidien. Toute notre joie vient de notre volonté profonde de la communion avec Dieu et aux autres. Et c’est cette volonté que l’esprit du mal cherche depuis la nuit des temps à briser et à déstabiliser. Chaque tentation est donc un moment de vérité et de liberté parce que Jésus a été véridique et libre devant les tentations, il n’a pas choisi la voie du malin, mais celle de Dieu. Et c’est cette voie qu’il nous invite à prendre durant ce carême. Prions afin que notre volonté soit fortifiée par la présence du Saint-Esprit pour résister aux orages du malin. Amen

Bon carême