par Lys Mokoko

Luc 9, 28b-36

La prière : Notre buisson ardent

Peuple de Dieu,

En ce deuxième dimanche de notre marche intérieure vers pâques, la parole de Dieu nous lance un vibrant appel à la prière à travers l’événement de la transfiguration de notre Seigneur sur le mont Tabor : épisode unique, lumineux, bouleversant et impressionnant. Saint Luc dans son témoignage nous livre trois éléments essentiels de l’événement du mont Tabor en ces termes très évocateurs : « pendant qu’il priait, l’aspect de son visage devint autre ; son vêtement devint d’une blancheur éblouissante ; voici que deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moise et Elie… ». Remarquons avec intérêt que Saint Luc nous dit « pendant qu’il priait », c’est-à-dire toute la transfiguration est un moment et un lieu de prière. Le seigneur s’est transfiguré en pleine prière, autrement dit, c’est parce qu’il priait que Jésus s’est transfiguré en astre de lumière dont l’irradiation des rayons de grâces a fini par réveiller les Apôtres. En pleine prière, la lumière jaillit du Christ jusqu’à parfumer son environnement, montrant par là qu’il est lumière née de la lumière. Le message du mont Tabor nous rappelle que la prière ou le temps donné à la prière n’est jamais un temps perdu parce que la prière est un lieu de transfiguration qui nous introduit dans le monde du divin ; avec et dans la prière, je suis transporté par le Saint-Esprit et je séjourne dans le buisson ardent de l’amour incommensurable du Père, du Fils et du Saint-Esprit ; par ma prière, j’entre dans l’espace de l’éternité et de la beauté « son vêtement devint d’une blancheur éblouissante » ; par la prière, j’entre dans l’histoire du salut c’est-à-dire j’entre dans la longue et riche lignée des croyants visibles ou invisibles, depuis Abraham jusqu’aujourd’hui, et je dialogue avec tous ceux qui ont prié, cru et espéré avant moi : « deux hommes s’entretenaient avec lui : c’étaient Moise et Elie ». Donc, la prière n’est pas un lieu vide, mais un lieu rempli de présences « et de la nuée, une voix se fit entendre : celui-ci est mon fils, écoutez-le », de paroles, et de mystère de communion dont le lien est devenu indéfectible grâce à notre baptême.  Ma prière est un sol fertile où je sème sous l’action du Saint-Esprit les graines d’unité, de paix, d’amour et de joie ; par la prière, la joie et la volonté de Dieu envahissent nos âmes et nos vies ; la prière cimente et polit notre âme et notre corps. Oui, nous sommes faits par et pour la prière ; la prière est retour à l’origine et à l’essentiel ; elle est la racine qui fera germer les baobabs spirituels pour notre temps ; elle est le lieu où s’origine et se dessine notre destinée croyante et se nourrit notre identité et notre vocation chrétienne au service du monde. Oui, avec les vagues du sensationnel et la dictature du relativisme contemporain, nous courons le risque et la tentation toujours possible d’affaiblir considérablement notre vie de prière ; avec notre activisme répétitif et ruineux, notre vie de prière risque de devenir un simple appendice ; elle risque de prendre l’image et le statut d’une corvée ou d’une réalité trop étouffante et encombrante. Oui, le message de Tabor nous rappelle que la prière ne diminue nullement notre vie ou notre personne, au contraire elle la vitalise et la dynamise par une présence constante et efficace de la famille trinitaire. Comme on le voit, la prière, loin d’être le lieu de l’inaccomplissement, est sur toute la ligne, le lieu de la réalisation et de l’accomplissement comme fils et filles de Dieu, c’est-à-dire, par ma prière, l’impossible se fait possible par la seule volonté du créateur qui est présent dans ma prière. Tel fut le secret de Jésus. Demandons ce dimanche, la grâce de la joie intense de la prière durant ce carême afin de briser nos lenteurs, nos refus et nos mauvaises manières spirituelles et que notre prière quotidienne contribue à la beauté de notre âme et à l’onction de notre corps. Amen