par Jean-Claude SERVANTON

Matthieu 5, 38-48

« Vous donc, vous serez parfait comme votre Père céleste est parfait » Je trouve que Jésus nous met la barre un peu haut. Comment aurons-nous assez d’élan pour nous élever aussi haut ? Alors entrons dans les paroles de Jésus avec humilité. Si Jésus parle, cela ne peut pas être pour nous décourager mais pour réconforter.

Nous trouvons dans ce sermon sur la montagne non seulement un enseignement sur ce que nous devons faire mais aussi sur un enseignement sur Dieu. D’abord Jésus nous dit : il est votre Père, celui « qui fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons, qui fait tomber la pluie sur les justes et les injustes ». La méchanceté ou la bonté, la justice ou l’injustice ne commandent pas la météo divine. Autrement dit : Dieu ne fait pas de différence entre les hommes. Il ne fait pas lever le soleil ou tomber la pluie en récompense des mérites ou en châtiment pour les fautes. Le soleil ou la pluie pour tous quels qu’ils soient. Les bontés de Dieu éclairent, réchauffent, aident a grandir, elles sont pour tous parce qu’Il est le Père de tous. Ce n’est pas toujours l’image que nous nous faisons de Dieu, parce que nous avons tendance à le faire à notre image et pas toujours avec la plus belle image de nous-mêmes. Ne parle-t-on pas de la colère divine, de la toute puissance de Dieu… mais de quelle puissance s’agit-il? Quelle image avons-nous de Dieu? Commençons par nous émerveiller de la pluie, de la lumière du soleil bienfaisante pour tous, bons et méchants, justes et injustes

Dans ce sermon sur la montagne, Jésus répète comme un refrain : « Vous avez appris… et bien moi je vous dis ». Sa parole est une parole neuve, elle détonne dans le discours religieux. Pour Jésus, ce n’est pas parole en l’air. « Et bien moi je vous dis… » ce qu’il dit c’est le programme de sa vie, il va le faire. Toute sa vie est dans ses paroles et c’est pourquoi elles sont vraies. Il ne ripostera pas aux méchants. Au soldat qui le frappe, il ne tend pas l’autre joue mais il lui dit : pourquoi me frappes-tu ? Il le renvoie à sa conscience. Il donnera  sa tunique et son manteau, il ne tournera pas le dos. Il priera pour ceux qui le persécutent. Ainsi la passion peut se lire en filigrane de ses paroles. Le sermon sur la montagne est le premier enseignement de Jésus mais il contient déjà la fin de sa vie. Il est vraiment le Fils du Père. Tel Père, tel Fils et si nous voulons connaître le Père, suivons le Fils.

Alors la barre nous paraît-elle toujours aussi haute ? Peut-être mais en tout cas Jésus a eu assez d’élan pour s’élever aussi haut. Ouvrons les évangiles et, page après page, pas à pas, nous verrons comment Jésus, le Fils du Père, nous invite, nous aussi, à aller jusqu’au bout de notre humanité. Ne sommes-nous pas créés à l’image de Dieu ? Notre père Adam voulait être comme Dieu, mais tout seul, en se passant du soleil et de la pluie, des dons de Dieu. Jésus a ouvert une autre voie, un chemin d’humanité, une vie humaine qui exclut toute violence, une vie humaine où le don dépasse la richesse, une vie humaine où même l’ennemi reste un homme… N’est-ce-pas finalement ce que nous désirons ? N’est-ce-pas le contenu de nos prières ? « Là où se trouve la haine, que je mette l’amour… » priait Saint François d’Assise.