Par Jean-Claude SERVANTON

Jean 1, 29-34

« Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde. » Cette déclaration de Jean-Baptiste je vais la reprendre tout à l’heure en vous présentant le pain et le vin, corps et sang du Christ, avant la communion. Auparavant, nous chanterons: « Agneau de Dieu qui enlève le péché du monde » Que voulons-nous dire? Comment cette image de l’agneau nous incite-t-elle à nous convertir? Que nous dit-elle de Jésus?
J’ai été grandement éclairé par la prière pour l’unité des chrétiens du patriarche Athénagoras qui se trouve dans le missel des dimanches. Elle est intitulée « Se désarmer ». L’agneau devant le loup est désarmé. Pour nous, se désarmer est un travail, le patriarche parle même de la guerre la plus dure contre soi-même. Première cible: se désarmer de toujours avoir raison. Comment voulez-vous écouter les autres si vous pensez toujours avoir raison? Deuxième cible mes richesses. Comment voulez-vous améliorer le sort de la planète si j’en veux toujours plus? Je remercie ceux qui m’ont appris la sobriété heureuse. Autre cible: pendant ma vie de prêtre, j’avais mes idées, j’avais des projets… aujourd’hui je dois accueillir les projets, les idées, des jeunes générations. Autre cible: après la force de l’âge, j’apprends, j’ai appris la dépendance. Adieu les performances. Je dois renoncer à l’usage du comparatif, dit le patriarche. Devant la complexité du monde, de la société, devant les mentalités nouvelles je me demande comment aujourd’hui je ferais le catéchisme. Ayant ainsi déposer les armes, que reste-t-il? Il reste l’essentiel, le plus fort, le désir, la recherche du bon, du vrai, du meilleur. Il reste la vie, la mienne, celle des autres. Il reste l’émerveillement. Il reste l’homme, l’autre, le prochain, autrui. Il reste le Christ, celui que Jean désigne comme étant l’Agneau de Dieu, l’homme désarmé, l’homme sur la croix.
Cet homme désarmé a-t-il la force d’enlever le péché du monde? Oui, car il est l’homme sur qui l’Esprit est descendu comme une colombe, il a la force des colombes, la force d’un homme de paix, l’homme plein non pas de lui-même mais plein de l’amour de Dieu. Cet homme que Jean ne connaissait pas et qu’il désignait. Nous sommes un peu comme Jean Baptiste, nous désignons le Christ sans le connaître tout à fait.
Dans la guerre que nous menons contre nous-même, si nous sommes ouverts à la parole du Christ, à son Esprit, nous n’avons plus peur. Le patriarche écrit: « Lui efface le mauvais passé et nous rend un temps neuf où tout est possible. » Ne serait-ce pas le sens de la parole : « Voici l’agneau de Dieu qui enlève le péché du monde ». Le Christ est désarmé, plein de l’amour de Dieu, se donne à nous en nourriture. Un agneau oui mais on ne lui prend pas sa vie, c’est lui qui la donne.