Par Jean-Claude SERVANTON

Luc 21, 5-19

Quand nous avons lu, entendu ce passage de l’évangile nous pouvons être terrifiés. Il est frappant de remarquer combien il rejoint notre actualité. Nous avons entendu parler de guerre et de désordre. Aujourd’hui on se dresse nation contre nation, royaume contre royaume et même nous venons de connaître près de chez nous un tremblement de terre. Famines et épidémies déciment des populations entières. Devant ces informations alarmantes, nous nous disons: « Mais c’est la fin du monde… »

Et Jésus nous dit : « Il faut que cela arrive d’abord mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »  Et il nous donne ce conseil : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer. » En effet les signes d’une fin prochaine nous effraient et dans la frayeur nous pouvons nous égarer. L’autruche met sa tête dans le sable. Elle ne veut pas voir. D’autres vont grandir leur peur : « On n’a pas tout vu, le pire est devant nous. » D’autres vont rêver le passé : « On n’a jamais vu ça »

Dans l’évangile, Jésus parle à certains de ses disciples qui admirent les belles pierres de temple, les ex-voto qui le décoraient et leur annonce : « Ce que vous contemplez des jours viendront où il n’en restera pas, pierre sur pierre tout sera détruit. » Et oui même le temple qui pour un juif est le lieu de la présence divine sera détruit. C’est bien la fin, la fin de tout. Même Dieu paraît s’absenter. Qu’est ce qui peut encore tenir debout quand tout s’écroule? Ne vous laissez pas égarer. Ne courrez pas dans tous les sens, cherchant quelque chose ou quelqu’un ou une doctrine à laquelle vous accrocher, un Messie, un Sauveur. Le Christ est là où nous sommes : « C’est moi qui vous donnerai un langage d’une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. »

Le temple n’est pas celui qui est fait de mains d’hommes, construit avec de belles pierres, décoré de beaux ex-voto. Les récits de la passion et de la mort de Jésus nous apprennent que c’est lui le temple. A sa mort le voile du temple se déchire… Lui le Christ nous a dévoilé ce qui est depuis le début et qui est jusqu’à la fin : l’amour, la vie de Dieu. La mort et la résurrection du Christ est l’événement qui dépasse tous les événements de notre histoire, qui éclaire toutes nos nuits, qui réjouit tous nos jours. Je vous laisse cette belle profession de foi que j’ai trouvé dans un commentaire de l’évangile de ce dimanche : « Il fallait que le tombeau se ferme sur le Christ pour qu’il puisse s’ouvrir sur nous. »

Alors n’avons-nous plus qu’à attendre que tout passe? Que faire du temps qu’il nous reste? Ce qui reste c’est le Christ debout, le Christ dont il nous demande de témoigner. Comment témoigner de Lui? D’abord en gardant confiance : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. » Aujourd’hui l’Eglise a fait de ce dimanche le dimanche des pauvres. Témoigner du Christ c’est le reconnaître en eux… tous les jours, à chaque rencontre. Le Christ est là en toute douleur humaine. Quand tout semble fini, un geste fraternel garde sa valeur d’éternité, signe d’un amour créateur qui ne connaît pas de fin.