Par Franck GACOGNE

Jean 15, 9-17,

Vous avez entendu, Jésus nous donne un commandement. Mais au fait, quel est ce commandement ? Qu’est-ce qu’il nous commande de faire ? « Ce que je vous commande, c’est de vous aimer les uns les autres ». Le mot commandement revient 4 fois dans ce texte : cela doit être important ! D’habitude, on n’aime pas bien recevoir des commandements. Parce que c’est rarement pour quelque chose que l’on aurait choisi de faire : « Peux-tu peux mettre la table, débarrasser, ranger ta chambre ? », « Va faire tes devoirs », « Occupe toi de ton frère ou de ta sœur ! ». Mais là, ce n’est pas un commandement de ce genre que Jésus donne, on a l’impression que celui de Jésus n’est pas très précis : il nous demande de nous aimer les uns les autres. On peut facilement se dire alors « tient, ce n’est pas trop dur de s’aimer, et puis il n’y a pas besoin d’être chrétien pour le faire ». Bien sûr qu’il n’y a pas de besoin d’être chrétien pour aimer, et heureusement ! Sinon, il n’y aurait vraiment pas assez d’amour partagé dans le monde pour qu’on puisse vivre en amis. Mais attention, la demande de Jésus est en fait très précise : il nous demande de nous aimer comme il nous a aimé. Etre chrétien, c’est donc se plonger dans l’évangile pour aller voir comment Jésus a aimé, et faire de même. Rapidement, on se rend compte que Jésus a aimé en accueillant tout le monde sans distinction, en donnant sa vie et en se faisant serviteur. Alors, quand je viens communier, je viens recevoir sa vie pour pouvoir faire comme lui.

Il y a un autre mot, un verbe qui revient souvent dans le texte. C’est le verbe « demeurer » : 4 fois dans ce passage, et déjà 8 fois dimanche dernier dans la parabole de la vigne. Dans la bouche de Jésus, « demeurer » désigne à la fois sa relation au Père et identiquement celle à laquelle il invite ses disciples. Etre chrétien, c’est demeurer dans le Christ. Il y a dans ce verbe une double idée : d’une part, celle d’habiter un lieu d’en faire sa résidence, de s’y implanter ; et d’autre part l’idée ne pas passer furtivement, mais au contraire de prendre le temps d’expérimenter, de partager, d’échanger, de vivre avec.

« Demeurer », c’est poser les premières conditions d’une amitié véritable. Dans la vraie vie, on ne devient pas ami en un « clic », on le devient quand on demeure ensemble.

Jésus a fait de ses disciples ses amis parce qu’il a demeuré parmi eux, mais cela ne suffit pas. Jésus les fait amis également parce qu’il n’a rien gardé pour lui mais qu’il leur a tout transmis, tout donné : tout ce qu’il a, tout ce qu’il est. « Je ne vous appelle plus serviteurs, car le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; je vous appelle mes amis, car tout ce que j’ai entendu de mon Père, je vous l’ai fait connaître ». « Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. »

On ne peut pas être chrétien si on n’ouvre pas l’évangile, parce que c’est là que Dieu se révèle, c’est là qu’on découvre Jésus nous donner la recette du bonheur et de l’amour suprême : « donner sa vie pour ceux qu’on aime ». C’est dans l’évangile que Jésus nous dit tout de lui en nous faisant ses amis.

J’apprends à connaître Jésus dans l’évangile et je nourris ma foi en lui dans la communion, c’est à ces deux tables, celle de la Parole et celle de l’eucharistie que nous grandissons ensemble dans la foi. Dans l’évangile, Jésus nous dit qu’il est « la porte » car il est le passage nécessaire pour être chrétien, voilà pourquoi vous avez peut-être remarqué que la prière eucharistique se terminait par la grande doxologie : « par Lui, avec Lui et en Lui… » il s’agit de Jésus.

Voilà, tout cela est très beau, mais la seule condition pour que ça marche, c’est d’avoir faim de lui ! A la maison, les parents, vous entendez souvent un appel déchirant qui surgit du fond de la chambre des enfants : « Quand est-ce qu’on mange ?! ». Les enfants, je compte sur vous pour lancer à vos parents un autre appel, surtout le samedi ou le dimanche : « Quand est-ce qu’on va à la messe ? J’ai faim de Dieu ! » Amen.