Par Jean-Claude SERVANTON

Jean 20, 19-31,

« La paix soit avec vous! » Par trois fois, c’est le salut que le Christ ressuscité, le Seigneur, adresse à ses disciples. La paix nous la voulons tous, nous la cherchons tous, nous la souhaitons tous pour nous-mêmes et les uns pour les autres. La peur, l’angoisse ou l’anxiété sont toujours tapies dans un coin de notre cœur ou de notre esprit. Le stress engendre maladie physique et mentale. Nous essayons d’oublier nos soucis, nous tentons de ne pas nous en faire mais nous sommes vite rattrapés par l’inquiétude. Que de fois je voudrais être en paix. Sa recherche accompagne toute notre vie.

Quand nous étions enfants, on nous a appris qu’il fallait « faire la paix » après une dispute. Encore en pleurs parfois nous tentions une parole, une main tendue mais quand le cœur n’y est pas, c’est difficile. Un éducateur m’a appris que la paix on ne la faisait pas, on la recevait. Il m’a ouvert la porte de l’évangile.

Quand nous n’allons pas bien, que nous avons été contrariés, nous désirons « avoir la paix »… vulgairement qu’on nous « fiche la paix ». Nous tirons les verrous, nous nous enfermons pour ne pas être dérangés. Mais cela ne peut pas bien durer, car il faut bien sortir de chez soi pour manger, faire les courses, travailler. Nous sommes proches des disciples qui le soir du premier jour de la semaine « ont verrouillé les portes du lieu où ils se trouvaient par crainte des juifs ».

« Il était là au milieu d’eux. » La paix ne vient pas au bout de nos efforts. Elle ne se trouve pas dans les coins sombres de nos enfermements. Elle vient d’une présence. Nous l’accueillons d’un autre, d’une autre.  Et cet autre n’est pas n’importe qui. Il ou elle est lui-même, elle-même pleine de la paix que sa présence peut apporter. C’est un homme ou une femme de paix. Le Christ ressuscité, le Seigneur est l’homme de la paix par excellence. Jusqu’au bout il a été un homme de paix, l’homme du pardon largement accordé. Ressuscité, il est l’homme réconcilié avec Dieu, avec lui-même. Par lui Dieu se réconciliait avec tous les hommes. Le réconcilié est aussi le réconciliateur… toujours présent. Ni la pierre du tombeau, ni les verrous de toute porte ne peuvent l’enfermer. Ressuscité, il est présent et sa présence porte la paix par laquelle il salue ses disciples.

« La paix soit avec vous ». Cette présence emplit de joie. La joie accompagne la paix. Le récit d’apparition du ressuscité nous apprend aussi que la paix se reçoit au cours d’un envoi. Elle ne se cultive pas en vase clos. La paix pousse au dehors, elle se donne dans un souffle, celui de l’Esprit Saint. Celui-ci fait de nous, à l’image du Christ ressuscité, des réconciliés devenant réconciliateurs à leur tour: « Recevez l’Esprit Saint, à qui vous remettrez ses péchés, ils seront remis, à qui vous maintiendrez ses péchés, ils seront maintenus. »

La paix se souhaite, se donne mais elle ne peut être reçue que par un cœur ouvert, un cœur ami de la paix. Je crois que tout cœur humain est ami de la paix, peut-être que parfois il lui faut du temps pour se déplier…

A la fin de chaque messe, le diacre ou le prêtre nous renvoie en nous disant: « Allez dans la paix du Christ. » Ce n’est pas seulement une manière polie de prendre congé. C’est l’énoncé de notre foi, ce que nous gardons en nourriture, ce que nous allons vivre… C’est cette paix du Christ, toujours présent au milieu de nous… La paix du Christ est la suite de nos eucharisties.