Par Jean-Claude SERVANTON

Jean 10, 11-18,

La parabole du berger n’est pas qu’une belle image pieuse peinte par de nombreux artistes, une belle image de première communion. Elle est le récit d’un échange étonnant. Jésus nous affirme qu’Il a le pouvoir de donner sa vie et le pouvoir de la recevoir. Il nous offre un aperçu sur sa vie et sa relation à Dieu. Il nous invite à entrer dans cet échange mystérieux du donner et du recevoir.

Jésus donne sa vie, son temps, son énergie, s’inquiète et prend soin des hommes et des femmes qui croisent sa route. C’est un vrai pasteur, il n’est pas un mercenaire. Tous ceux et celles qu’il rencontre comptent beaucoup pour lui. Il ne veut en perdre aucun. Mais il ne parle pas de sacrifice, car en donnant il ne perd rien, Jésus a reçu de Dieu ce pouvoir de donner et de recevoir, c’est le beau pouvoir d’un homme libre. En acceptant de donner, rien ne lui est pris ou arraché qu’il ne souhaite offrir. Ce don volontaire et libre de lui-même se change mystérieusement en gain. Avec la même liberté Jésus accepte de donner et de recevoir. Il est d’accord pour donner et pour recevoir une vie renouvelée, enrichie par le don.

Nous vivons nous aussi cet échange mystérieux du donner et du recevoir. Encore jeune prêtre, pour la fête des mères, j’avais cru bon dans l’homélie de me joindre au compliment que les enfants adressent ce jour-là à leur maman. Une dame du milieu de l’assemblée éleva la voix pour dire qu’elle appréciait le compliment mais qu’elle était surtout heureuse d’être maman. Bref qu’elle recevait autant qu’elle donnait. Depuis ce jour-là, j’ai appris à me méfier des compliments … et surtout je découvrais que comme le Christ nous aurions nous aussi le pouvoir de donner et de recevoir, de vivre le même échange. Ces jours derniers, j’ai regardé un DVD sur les nouvelles écoles, j’ai entendu un instituteur dire qu’il était toujours en vacances, heureux de donner une part de sa vie à ses élèves. Nous avons aussi connu des instituteurs, des maîtres tout donnés à leur métier d’éducateur. N’avons-nous pas nous aussi l’expérience qu’il y a plus de bonheur à donner qu’à recevoir ou plutôt que les deux sont un vrai bonheur … celui du vrai berger.

Jésus nous offre un aperçu sur l’intimité de sa relation à la vie. Nous pouvons nous sentir un peu contraints de donner de nos biens, de notre temps et puis nous finissons par accepter, par effacer nos craintes, à lâcher prise. Un jour, à un moment nous acceptons de nous jeter à l’eau. Donner n’est pas une obligation, c’est un pouvoir. Les enfants, les élèves, les voisins, les proches ou des gens plus lointains sont là … ils frappent à notre porte … alors la bienveillance, la compassion nous font craquer … et puis vient le moment où nous découvrons que notre vie s’est enrichie de nouvelles amitiés … que notre vie surtout a pris un sens. Recevoir n’est pas un simple plaisir. Recevoir accepter la vie … Donner et recevoir ont une même origine, la liberté, la simplicité du cœur.

Jésus, le vrai berger, nous révèle la source de ce mystérieux échange, donner et recevoir, c’est l’amour de Dieu. Jésus parle même de commandement, ce n’est pas un onzième commandement. Jésus accompli la volonté du Père qui lui a donné cette liberté de pouvoir donner et de pouvoir recevoir. Au soir du vendredi saint, Jésus use de son pouvoir de donner, d’aimer jusqu’au bout et au matin de Pâques, avec la même liberté, il use de son pouvoir de recevoir. Depuis ce jour-là, nous voici entraîner dans le même échange, le même mystère pascal, accepter de donner, accepter de recevoir.