Par Jean-Claude SERVANTON

Marc 9, 2-10,

« La foi au cœur du cinéma » titre le journal « La Croix » à propos du film « L’apparition ». Un livre vient de paraître pour nous expliquer « Comment notre monde a cessé d’être chrétien ? ». Et en ce deuxième dimanche de Carême, nous lisons, nous méditons le récit de la Transfiguration. Et si ces trois évènements étaient une heureuse coïncidence pour nous éclairer sur les mystères de la foi ?

Jésus emmène Pierre, Jacques et Jean à l’écart sur une haute montagne. Aujourd’hui, nous aussi nous sommes invités à prendre de la hauteur. « Comment notre monde a cessé d’être chrétien ? ». Cette question nous conduit aussi à nous élever un peu, je me la pose et peut-être vous aussi. J’entends dire : « Nous avons élevé nos enfants dans la foi chrétienne, ils sont allés au catéchisme et aujourd’hui ils ne pratiquent plus. » Alors, comment s’explique cette indifférence au moins apparente ? Ce constat est aussi, pour nous les plus anciens, une épreuve. Le film peut nous apporter un début de réponse. Aujourd’hui on peut aborder la question de la foi, de son mystère de manière sérieuse, sans moquerie. Non la religion n’est pas que fanatisme, n’est pas que dogme, elle ne se réduit pas à des questions politiques ou sociales. Nous voici engagés avec des hommes et des femmes de notre temps, à marcher avec Pierre, Jacques et Jean, emmenés à l’écart sur une haute montagne.

Les trois apôtres ont vu et entendu. Ce sont des témoins. Ils ont vu Jésus transfiguré, conversant avec Moïse et Elie. Ils ont entendu cette voix qui se fit entendre : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez le ». C’est la personne de Jésus qui est au centre. C’est lui qui est mis en lumière, c’est de lui dont on parle. Lui seul. L’essentiel de la foi est là. C’est quelqu’un, le Christ. Les apôtres en sont les témoins, j’allais dire des témoins ordinaires, dépassés par l’évènement qu’ils racontent. Ils ne savent que dire, leur frayeur est grande. Ils n’en rajoutent pas, puisqu’au terme, regardant autour d’eux, ils ne voient plus que Jésus seul avec eux. Nous aurions, peut-être, aimé qu’ils nous en disent davantage.

Plus déroutant encore, leur témoignage se termine par une question, ils se demandent ce que veut dire « ressusciter d’entre les morts ». Leur témoignage a un goût d’inachevé. Il ouvre une perspective mais ne conduit pas à une certitude ! Et si le mystère de la foi… Jésus seul était plus attirant qu’une certitude ! Face au mystère, chacun est libre. Le réalisateur du film « L’apparition » cite Pascal : « Dieu travaille ceux qui cherchent ». Et à la fin de l’interview, il affirme : « Si quelque chose reste en moi c’est l’évidence qu’il ne faut pas limiter le christianisme à un humanisme, à une générosité humanitaire idiote. Pas plus qu’il ne faut le réduire à une présence qui vous regarde, vous juge et vous éprouve. Cela peut être épanouissant et heureux. » Le christianisme, le mystère de la foi est-il pour nous épanouissant et heureux ? Sans nous culpabiliser outre mesure n’avons-nous pas fait de la foi un humanisme, une morale, prenant dans l’évangile une règle de vie. Et si nous profitions de ce Carême non pas pour devenir meilleurs mais pour nous laisser travailler par Dieu au contact de sa Parole, à mieux approcher, ce qui signifie pour nous « ressusciter d’entre les morts ».

Cela peut être heureux et épanouissant de croire que nous tenons en Jésus quelqu’un que nous pouvons écouter, en lui, par lui et avec lui toute vie humaine conduit à Dieu. C’est une chance pour nous de nous joindre à tous ceux et celles qui cherchent. Un seul témoin n’a pas toute la vérité, il contribue par sa parole et ses actes à sa recherche.