Par Amos BAMAL

Matthieu 25,1-13

Prévoyance et vigilance !

Nous nous acheminons inexorablement vers la fin de l’année liturgique, et les textes bibliques proposés à notre méditation, nous donne l’occasion de nous tourner vers la fin des temps. Ce sera le grand passage vers ce monde nouveau que Jésus appelle le Royaume de Dieu. L’évangile de ce dimanche nous invite à veiller car nous ne connaissons pas le jour ni l’heure du retour du Christ. Cette parabole des dix jeunes filles, insiste sur le temps qui précède l’arrivée de l’époux. Ce temps suscite de l’enthousiasme au départ, mais devient vite long et lassant pour ceux qui ne comprennent pas que l’amour est une épreuve dans la durée, que la fidélité et la persévérance sont les maîtres-mots de la foi.

L’enseignement que Jésus propose ce dimanche porte donc sur une certitude qui doit être une préoccupation pour chacun de ses auditeurs. Il s’agit de sa venue. Le prophète avait annoncé qu’elle est certaine comme l’aurore. Mais ce qui intéresse ici Jésus, ce sur quoi il veut attirer l’attention de ses disciples, c’est la préparation de cette venue. Deux éléments sont ici soulignés : les jeunes filles qui attendent, et le temps de l’attente. On note ici deux catégories de jeunes filles ; les insensées et les prévoyantes. Est insensée, celle qui a la tête vide. Elle ne pense à rien, il n’est pas étonnant que sa lampe soit vide, ou sans réserve. Les prévoyantes ou les sages, ont l’expérience de la vie et en tiennent compte. L’huile diminue au fur et à mesure qu’elle brûle. Il faut donc de temps en temps recharger la lampe pour éviter qu’elle s’éteigne : la réserve est donc nécessaire. Quand on attend quelqu’un, il faut compter avec le temps. Et le temps est la chose la plus incertaine, car des circonstances indépendantes peuvent à tout moment modifier son programme. J’ai l’expérience de certaines soirées de noces dans mon pays. Prévues à 20h, les époux ne sont réellement à la porte qu’à 22h ou 23h.Il faut donc intégrer cela dans la gestion du temps. La fatigue et le sommeil meublent le temps, finissent par agrémenter l’attente, et à rendre insensible le retard. « Au milieu de la nuit, un cri se fit entendre : Voici l’époux ! Sortez à sa rencontre ! ». Notons ici que l’époux arrive au milieu de la nuit. L’heure n’est pas précisée, car cela importe peu. Ce qui fait la joie de tout le monde, c’est la rencontre avec celui qui est attendu : l’époux « Toutes les jeunes filles se réveillent et préparent leurs lampes ». Un proverbe africain dit : « On n’apprend pas à danser le jour de la fête ! » En effet, ce n’est pas quand arrive l’époux qu’on prépare la lampe. Les sages ont préparé leurs lampes en partant de chez elles. Sachant que le temps de l’attente est incertain, elles ont pris une réserve d’huile. Elles sont prêtes, elles peuvent entrer dans la salle et fêter avec l’époux. « Plus tard, les autres jeunes filles arrivent ! » Mais trop tard ! Il est question t’attendre le Christ, et non d’être attendu par le Christ. Alors que ce sont les jeunes filles qui devraient ouvrir la porte à l’époux, ce sont elles qui disent : « Seigneur, Seigneur, ouvre-nous ! » Renversement de rôle ! L’époux est invité à ouvrir la porte à celles qui devraient l’accueillir. L’enseignement que Jésus tire de cette parabole s’adresse à tout le monde : « Veillez donc car vous ne savez ni le jour ni l’heure ! » C’est à la fois un conseil et un ordre. Le jour et l’heure de la venue du Seigneur ne dépendent pas de nous. Ce n’est pas ce qui doit nous préoccuper. Une chose est certaine : le Seigneur vient.

La parabole des dix jeunes filles de ce dimanche nous renvoie à notre vie :de quel côté sommes-nous ? Des prévoyants ou des insensés ? L’insensé a construit sa vie sur du sable. Il est victime de la folie de celui qui s’oppose à Dieu et qui l’a mis en dehors de sa vie. Les sages, les prévoyants sont ceux et celles qui ont choisi de s’installer dans la fidélité. Ils se sont nourris de la Parole de Dieu et des sacrements. Ils se sont donnés du temps pour la prière.

Au jour de notre baptême, nous avons été fiancés au Christ. Ce jour-là, un cierge nous a été confié, signe de cette lumière de la foi déposée en nos cœurs. La vie après le baptême est le temps de l’attente, temps d’autant plus supportable qu’à chaque Eucharistie l’Epoux vient rassurer de sa présence et inviter à porter le regard sur les noces éternelles. Sachant que le Christ va venir à l’improviste, le chrétien doit garder la flamme de la foi et de l’amour toujours allumée dans son cœur. En cela, il ne peut être aidé que par lui-même…C’est pour cela que dans la parabole, les cinq prévoyantes ne peuvent pas partager leur huile avec les autres. Il dépend d’abord de nous que nous soyons sauvés. On pourrait faire toutes les prières du monde pour notre salut, si nous-mêmes n’acceptons pas ce salut et ne nous y engageons pas, ces prières seraient vaines.

En ce dimanche donc, le Seigneur nous offre la parabole des dix jeunes filles pour nous apprendre à être prévoyants et vigilants pour mieux préparer la rencontre avec lui.

                   Amen.