Par Amos BAMAL

Jean 20, 19-23

                                Revivre aujourd’hui la Pentecôte.

         Sœurs et frères en Christ, nous fêtons aujourd’hui la solennité de la Pentecôte. La célébration de ce matin exprime notre volonté de cheminer dans la communion des cœurs, la main dans la main. Cette conscience et cette volonté de cheminer ensemble est ce que nous voulons traduire à travers cette messe des peuples qui nous rassemble en ce jour. Aujourd’hui nous voulons nous dire qu’au-delà de la diversité de nos pays, de nos conditions sociales et de nos options politiques, nous formons une seule et même famille : la famille de Dieu à Bron et dont l’Ancêtre fondateur est Jésus-Christ. C’est lui qui nous a rapprochés et nous a unis ensemble en ouvrant nos cœurs à l’espérance d’une vie de bonheur, de joie et de paix offerte dans sa mort et sa résurrection.

         Plus qu’une fête commémorative revenant sur un événement passé, la Pentecôte que nous célébrons en ce dimanche nous rappelle un fait capital et fondamental : l’Eglise est l’œuvre de l’Esprit Saint. C’est ce que nous enseigne solennellement l’apôtre Paul dans l’extrait de sa lettre aux Corinthiens que nous lisons en ce jour : « Tous, juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés dans l’unique Esprit pour former un seul corps ».

         En ce jour de Pentecôte, nous sommes invités à prendre conscience que si nous sommes l’Eglise, peuple de Dieu et corps du Christ, c’est parce que tous, à l’occasion de notre baptême, nous avons reçu notre part de cet Esprit que le Christ a répandu sur les apôtres, avant de monter au ciel comme le rapporte Saint Jean dans l’évangile d’aujourd’hui. C’est cet Esprit qui va se manifester avec puissance aux apôtres le jour de la Pentecôte en les bousculant dans leur peur et leur timidité. Grâce à ce même Esprit, la communication devient possible entre les foules hétérogènes venues pour la fête à Jérusalem : les apôtres parlent et tous les entendent dans leur langues d’origine. En effet, le fruit immédiat de la descente du Saint Esprit sur les apôtres est le don des langues. L’Esprit qui faisait parler les prophètes de l’Ancien Testament délie maintenant les langues des disciples et inspire leur discours. Contrairement à l’événement de la Tour de Babel, la venue de l’Esprit Saint favorise l’unité de l’Eglise appelée à regrouper tous les hommes et femmes en Jésus-Christ. L’universalité est donc une caractéristique fondamentale de l’Eglise.

         Célébrer la Pentecôte, c’est donc nous convaincre que dans l’Eglise, c’est l’Esprit Saint qui nous met ensemble quelles que soient nos origines, nos qualités, nos défauts et sans tenir compte ni de la diversité de nos activités, de nos langues, de nos cultures et de nos conditions sociales. Tous devenus fils adoptifs de Dieu par l’accueil du même Esprit gracieusement donné par le Christ, nous pouvons désormais faire de nos différences, la manifestation de la richesse de vie qui vient de Dieu en les mettant au service du bien commun. En inaugurant la mission de l’Eglise dans le monde, la Pentecôte révèle en même temps ce que doit être cette mission. Hier comme aujourd’hui, cette mission revient toujours à poursuivre le projet de Dieu de rassembler tous les hommes et femmes dans son amour au-delà de leurs particularités.

         Cette vie sous la mouvance de l’Esprit entraîne plusieurs implications pour tous les baptisés. Première implication : par le don de l’Esprit Saint répandu en nos cœurs, nous sommes devenus les enfants d’un même Père, membres de la famille de Dieu, et nous devons nous laisser rassembler par cet Esprit qui nous habite sans tenir compte de nos différences de quelques ordres qu’elles soient. L’Esprit de Pentecôte qui a rendu possible la communication entre les apôtres et la foule des pèlerins malgré la diversité de leurs langues, ce même Esprit doit nous permettre aussi de dépasser nos divergences et nos différences, pour témoigner de la Bonne Nouvelle du Christ dans l’unité et la communion des cœurs. Cette puissance de l’Esprit qui fait parler d’une seule et même voix devrait se vérifier à tous les niveaux de nos rencontres et de nos engagements au sein de la paroisse, en nous poussant à ne rechercher que ce qui contribue à la gloire de Dieu et au progrès de son Royaume.

         La deuxième implication sous le régime de l’Esprit Saint, c’est d’apprendre à agir dans le respect et la complémentarité de nos charismes. L’avènement de l’Esprit Saint (nous disent les Actes des apôtres) a donné à chaque disciple de s’exprimer à sa manière, c’est-à-dire dans un charisme particulier et différent de ceux des autres. Sous le régime de l’Esprit Saint, il s’agit donc de favoriser l’éclosion des charismes des uns et des autres au sein de notre communauté paroissiale pour que tous ces charismes servent à l’épanouissement et au bien-être de tous et de chacun, de telle sorte que notre communauté paroissiale soit l’expression et la manifestation de l’amour de Dieu. Car plus notre paroisse sera l’expression d’une complémentarité fonctionnelle et respectueuse des différences, plus elle témoignera de la richesse des dons de l’Esprit et de l’amour de Dieu.

         La dernière implication de l’avènement de l’Esprit Saint c’est de nous enrober sous son influence : d’une part en nous libérant des penchants de la chair et d’autres parts en nous entraînant à aimer et à rechercher ses dons. A partir de la Pentecôte, tous les disciples du Christ s’ouvrent à la vie dans l’Esprit. Avec persévérance et courage, ils acceptent de « crucifier en eux la chair » et ses œuvres et de développer dans leur vie les fruits de l’Esprit.

         Il est bon aujourd’hui, de nous souvenir qu’une fête chrétienne, n’est pas seulement un anniversaire de ce qui s’est passé autrefois, mais un événement renouvelé chaque année dans la vie de l’Eglise. La Pentecôte, pour nous en 2017, si nous l’avons bien préparée, dans les mêmes conditions spirituelles qu’au moment de la première Pentecôte, peut, et devrait produire les mêmes fruits de grâce que ceux produits la première fois.

         Au cours de cette célébration eucharistique, demandons au Seigneur l’Esprit Saint, qu’il transforme nos cœurs et nos vies. Ô Seigneur, envoie ton Esprit qui renouvelle la face de la terre !

                                                       Amen